PESTICIDES: MESURES DE PRÉCAUTION APRÈS NEUF CAS DE CANCERS EN GIRONDE

LE FIGARO – 11/09/2015

4227380456La petite ville de Preignac connaît un taux de cancer infantile six fois supérieur à la moyenne nationale. Les pesticides répandus sur une parcelle de vigne située juste à côté de l’école sont pointés du doigt.

Aérer les salles de classe et installer des haies de protection. C’est ce que recommande un rapport de l’agence régionale de santé Aquitaine (ARS) et de l’Institut de veille sanitaire après le recensement de neuf cas de cancers pédiatriques entre 1990 et 2012 à Preignac et dans neuf autres communes limitrophes de Gironde.

En décembre 2012, c’est l’ancien maire de la commune Jean-Pierre Monceau qui alerte les autorités. Quatre enfants de sa commune souffrent d’un cancer. Une parcelle de vigne jouxte l’école. L’ancien maire pointe alors directement l’épandage de pesticides: «Depuis le début de mon mandat (ndlr: en 2008 ), je n’ai de cesse d’intervenir auprès des viticulteurs propriétaires de parcelles contigües à l’école primaire afin que soit proscrit tout sulfatage et autre traitement de la vigne à l’aide de pesticides pendant les heures de récréation», explique Jean-Pierre Monceau au Parisien.

Une détermination qui a du sens au vu du rapport sanitaire rendu cet été: «Si l’on ne retient que les cancers pouvant être liés à une exposition aux pesticides, on observe 3 cas de cancer à Preignac contre 0,5 attendu». Un taux six fois supérieur à la moyenne nationale. Dans les communes alentours, le taux de cancers pédiatriques est lui supérieur de 66 %. Au total, neuf cas pour 2.595 enfants entre 1990 et 2012. La conclusion du rapport est pourtant nuancée: aucun moyen de savoir si «l’excès est lié à une fluctuation aléatoire des maladies» ou s’il est «véritablement lié à un facteur environnemental commun».

Des études inquiétantes

En Gironde, ce n’est pas la première fois que les pesticides viennent semer le trouble aux heures de classe. En juin 2014, un arrêté préfectoral avait même interdit l’épandage à proximité des écoles pendant la classe après l’intoxication de plusieurs élèves de l’école de Villeneuve, en Haute-Gironde, à la suite d’un épandage dans les vignes situées à proximité.

Dès 2013, une étude de l’Inserm se penchait sur les conséquences des polluants pour le voisinage: «Les expositions aux pesticides intervenant au cours de la période prénatale et périnatale ainsi que la petite enfance semblent être particulièrement à risque pour le développement de l’enfant». Les pesticides pourraient donc représenter un danger potentiel pour les 300 enfants de l’école maternelle et primaire de Preignac. Plus inquiétant encore, une étude de l’Airaq, organisme de mesure des polluants atmosphériques, constate en 2011 la présence de Folpel en Gironde. Un fongicide classé «cancérogène probable pour l’homme» aux États-Unis.

Pour tenter de prévenir le risque potentiel, Jean-Gilbert Bapsalle, maire de la ville depuis mars 2014, compte suivre les recommandations du rapport: «La commune compte racheter la parcelle de vignes proche de l’école». «A la place, nous agrandirons la cour de récréation et le parking de l’école», précise l’édile. Débuté en 2012, le suivi épidémiologique de l’InVS prendra pourtant fin en décembre 2015.

Même hors des cours d’école, les pesticides pourraient toutefois rester dans le viseur des autorités de santé. Ce jeudi, Monsanto, géant américain des pesticides a été condamné pour l’intoxication d’un agriculteur avec une herbicide.

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