𝐁𝐚𝐬𝐬𝐢𝐧 𝐝𝐞 𝐋𝐚𝐜𝐪 : la concertation préalable du 𝐩𝐫𝐨𝐣𝐞𝐭 𝐄-𝐂𝐇𝐎 porté par Elyse touche à sa fin

Sud-Ouest, le 12/01/2024 :

Lors de la réunion publique du 11 janvier, de nombreux opposants ont exprimé leurs inquiétudes. © Crédit photo : H. P.

La concertation préalable autour du projet d’installation d’usines de biocarburant sur le bassin de Lacq prendra fin le 17 janvier. L’occasion pour les équipes d’Elyse de faire un point d’étape et de répondre aux questions suscitées par leur projet. Une réunion publique était organisée, jeudi 11 janvier, en début de soirée

C’est l’un des projets industriels de la décennie. En juin dernier, Emmanuel Macron annonçait en grande pompe l’installation de trois usines de biocarburant sur le bassin de Lacq. Les ténors politiques béarnais ont d’emblée accueilli à bras ouverts ce nouveau venu. Difficile pour eux de balayer de la main un investissement de deux milliards d’euros, avec à la clé, la création de plusieurs centaines d’emplois.

À l’horizon 2027-2028, trois usines sortiraient de terre à Lacq, Pardies et Mourenx. Chacune des structures devrait respectivement produire du e-methanol, e-bio kérosène et de l’oxygène bas carbone. Sur le papier, le projet e-cho est plus que séduisant. Il s’inscrit dans les logiques de décarbonisation de l’industrie et contribuerait à la souveraineté énergétique.

« Des temps forts »

Au vu de l’envergure du projet, une concertation préalable a été mise en place depuis le 17 octobre. Au total, près de 200 contributions ont été recensées. « Lors de la concertation, il y a eu des temps forts. Ce projet ne laisse personne indifférent », souligne Diane Beaucard, qui pilote la concertation. Après trois mois d’existence, cette dernière prendra fin le 17 janvier prochain.

Si le dossier séduit au-delà des sphères politiques, il trouve aussi de nombreux détracteurs. En témoigne le registre de concertation du public ouvert à tous. Sur les feuilles blanches du cahier, les arguments comme les oppositions se font face. Les questions autour de la biomasse indispensable à la création de ces nouveaux carburants et l’utilisation massive de ressources hydriques concentrent de nombreuses interrogations. Selon les premières prévisions, le projet par Elyse nécessite pour son bon fonctionnement l’utilisation de huit millions de m³ d’eau et 300 000 tonnes de biomasse.

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Des débats houleux

Une heure et deux minutes. C’est le temps qu’aura patienté le premier opposant, sorti de ses gonds, pour intervenir lors du forum participatif clôturant la concertation préalable du public. « C’est faux ! » lance-t-il à l’adresse du président d’Elyse Énergie, dont il dénonce le projet « illégitimement » présenté comme bas carbone. L’injonction de l’animatrice, Diane Beaucard, lui demandant d’attendre la fin de la présentation du projet Echo et des enjeux de la concertation publique, pour intervenir, a fait réagir le public las de devoir patienter.
Un brouhaha pouvait se faire entendre dans la salle de l’Agora, où avaient pris place des élus, mais aussi des opposants inquiets d’un « projet qui pose problème » selon eux. Le premier intervenant s’est fait fort de réaliser une démonstration « scientifique », évoquant « un projet qui élude l’incidence des coupes de forêts – dont le coût carbone est de 57 tonnes par hectare – lesquelles vont augmenter le niveau carbone du réservoir atmosphérique ».
« Le règlement vous exonère du calcul du coût carbone », se scandalise une autre personne dans le public face au président qui se replie – effectivement – derrière la réglementation et la formule selon laquelle « on ne sortira pas de l’énergie fossile sans la biomasse ». L’eau « de moins en moins disponible » a également cristallisé les inquiétudes. Ne niant pas la dépendance à l’eau du projet, dont les besoins sont chiffrés à plusieurs millions de m³, les deux autres représentants d’Elyse Energie (Benoit Decourt et Mathieu Hoyer) ont là aussi tenté de se montrer rassurants, faisant part d’une consommation bien inférieure aux prélèvements. Qualifié « d’obscur » et de « non vertueux » le projet a soulevé bien d’autres interrogations, tel le montage financier, de la part d’opposants qui semblent déterminés à ne pas lâcher l’affaire.

𝐁𝐞́𝐚𝐫𝐧 𝐓𝐨𝐭𝐚𝐥 : Comment les anciens ou salariés de chez 𝐓𝐨𝐭𝐚𝐥𝐄𝐧𝐞𝐫𝐠𝐢𝐞𝐬 irriguent le tissu associatif

Sud-Ouest – le 28/10/2023 :

Michel Javault est président d’Habitat et Humanisme depuis juin 2022. Des fonctions qu’il occupait seulement six mois après la prise de sa retraite de chez TotalEnergies. © Crédit photo : Quentin Top/ « Sud Ouest »

Nombre de retraités du groupe TotalEnergies occupent des postes à responsabilité dans le monde associatif béarnais. Mais l’entreprise offre également du temps de travail de ses salariés à plusieurs structures

A tous les étages. On trouve d’actuels ou anciens salariés de TotalEnergies partout dans le monde associatif béarnais. À cela, tout d’abord, une raison évidente : l’entreprise est le plus gros employeur privé du Béarn.

Chez TotalEnergies, Michel Javault œuvrait au consulting interne, avant de devenir aujourd’hui président d’Habitat et Humanisme Pyrénées Adour. « Dans mon activité, j’accompagnais les équipes dans le changement ou pour donner un coup de main sur un projet », situe le retraité de 66 ans. Son poste l’a amené sur des terrains parfois surprenants, à l’instar de l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations au Gabon en 2017 en l’espace de quatre mois seulement. Une compétition dont TotalEnergies est le premier partenaire.

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En politique aussi

En politique aussi, les actuels ou anciens de chez TotalEnergies sont représentés. « Je suis toujours dans les effectifs », souligne Patrice Laurent, maire de Mourenx et président de la Communauté de communes de Lacq Orthez. Celui qui a démarré comme opérateur dans la pétrochimie pour finir à la communication est en effet en congés sans solde depuis dix ans. « Je ne connais pas beaucoup de boîtes qui permettent cela, fait remarquer l’élu de 56 ans. J’ai abordé les dernières élections municipales avec une grande sérénité. Car ce n’était pas un enjeu de vie. »

NON au kérosène “vert” du projet BioTJet !

Le projet BioTJet est présenté comme une usine de « e-biokérosène », « un carburant d’aviation durable à destination du transport aérien » 2. Implanté en Béarn, il produirait dès 2028, 75 000 tonnes de e-biokérosène à partir de 400 000 tonnes de bois, d’hydrogène, d’oxygène, d’eau et d’électricité.

Pour Elouan Trichard, porte-parole de l’association Bizi, « Ce projet « bas-carbone » poursuit, au nom de l’impératif climatique, une fuite en avant technologique et dévasterait les écosystèmes par son impact sur les forêts, sur les ressources en eau et par ses besoins en électricité renouvelable. »

Couper les forêts… pour faire voler des avions

D’après les calculs de l’association Canopée, les forêts du Pays Basque et du Béarn ne sont pas en capacité de fournir la totalité du bois nécessaire à la production de kérosène, vu leur rythme de renouvellement3. De tels volumes pousseraient par ailleurs à une gestion productiviste des forêts, favorisant la monoculture au détriment d’écosystèmes riches, donc résilients, et d’une sylviculture raisonnée.

Le processus de production implique de plus une utilisation massive d’énergie renouvelable d’origine photovoltaïque. La production d’énergie renouvelable sur nos territoires est déjà un défi qui exige des réflexions poussées sur l’usage des terres, pour éviter une destruction massive de régions forestières ou de terres agricoles pour produire de l’électricité. Fidèle à la logique « sobriété, efficacité, renouvelables » proposée par l’association Negawatt, l’association Bizi ! considère que la production d’énergie renouvelable pour faire voler des avions est superflue.

Les alternatives à l’avion ne manquent pas, à condition de fixer une orientation politique claire en ce sens : tarification accessible pour les trajets en train, taxation du kérosène, déploiement des trains de nuit (4 lignes vont être relancées mi-décembre, dont la ligne Paris-Bayonne-Pau-Tarbes), voyager sur des durées plus longues, moins loin mais qualitativement…

Elouan Trichard conclut « Les fausses solutions comme celle de BioTJet ne font que déplacer le problème. Travaillons plutôt à diminuer le trafic aérien ! Arrêtons de penser que la technologie va nous sauver : l’avion vert est celui qui ne vole pas. Il est temps de repenser nos modes de vie en prenant en compte toutes les limites de la planète. »

(1) https://www.e-cho-concertation.fr/blog/1890/le-calendrier-des-rencontres
(2) https://www.e-cho-concertation.fr/
(3) Canopée, Enquête sur le système Alliance Forêts Bois, p86-87 <https://www.canopee.ong/wp-content/uploads/2023/10/canopee-enquete-afb-oct-2023.pd

Le projet en bref :

Le projet E-CHO, porté par Elyse Energy, a pour ambition de construire 2 usines de production de molécules bas-carbone et un site d’alimentation en hydrogène sur le bassin industriel de Lacq, près de Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques. 

Réparti sur 3 sites distincts, il serait composé de 3 unités de production

  • Un site de production de 72 000 tonnes d’hydrogène,nommé HyLacq,implanté à cheval sur les communes de Mourenx, Pardies et Noguères.
  • Un site de production de 200 000 tonnes de e-méthanol à Lacq,nommé eM-Lacq.
  • Un site de production de 75 000 tonnes de e-biokérosène,nommé BioTJet,implanté à cheval sur les communes de Pardies et Bésingrand.

Le e-méthanol est une molécule pouvant être utilisée en tant que solvant dans la chimie ou encore comme carburant pour le secteur maritime. Le e-biokérosène est un carburant d’aviation durable à destination du transport aérien.

ARRÊTEZ DE COUPER LES VIEUX ARBRES !!

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Ce magnifique chêne du sanctuaire de Pardies-Piétat (64800 Notre-Dame-de-Piétat) a été aujourd’hui abattu.

ONF, propriétaires et municipalités, arrêtez de couper les vieux arbres soit disant au nom du principe de précaution ! Élaguer coûte plus cher que de couper un arbre, alors tous les vieux arbres sont systématiquement coupés. Nos forêts ressemblent à des pépinières sans âme. Et plutôt que d’élaguer, ou d’en faire des trognes, on coupe tout, jusqu’à la racine.

J’ai trouvé cet après-midi le plus beau et le plus vieil arbre de la forêt, un vieux chêne, à terre, tronçonné, soit disant au nom du principe de précaution, alors que le sentier n’est pas fréquenté et que l’arbre était tout à fait sain. Cet arbre n’était d’ailleurs pas marqué. Je n’en dirai pas plus tellement cet arbre comptait pour moi, comme pour d’autres personnes, j’en suis sûre… Et puis le ricanement stupide de ceux qui l’ont coupé, devant ma stupéfaction. Vraiment, on vit dans un monde stupide, où tout ce qui est beau, tout ce qui n’est pas ordinaire, est supprimé.

Sciences & Avenir – le 16.01.2014 :

Plus un arbre est vieux, plus il absorbe du CO2

Paris (AFP) – Plus un arbre est vieux, plus il capture du dioxyde de carbone dans l’atmosphère pour continuer à croître, selon une étude publiée mercredi et portant sur l’impact des forêts sur le réchauffement climatique.

Les résultats des travaux, publiés dans Nature, indiquent que sur plus de 400 types d’arbres étudiés, ce sont les spécimens les plus vieux et donc les plus grands de chaque espèce qui grandissent le plus vite et qui absorbent ainsi le plus de CO2.

Ces recherches contredisent le postulat selon lequel les vieux arbres contribueraient moins à la lutte contre le réchauffement climatique. « C’est comme si pour des humains, la croissance s’accélérait après l’adolescence au lieu de ralentir« , a résumé à l’AFP Nathan Stephenson, l’un des auteurs.

Les arbres absorbent le CO2 de l’atmosphère, le principal gaz à effet de serre, et le stockent dans leurs troncs, leurs branches et leurs feuilles. Les forêts jouent ainsi un rôle de puits de carbone, mais jusqu’à quel point elles ralentissent le réchauffement fait débat. « Nous savions déjà que les forêts anciennes stockaient plus de carbone que des forêts plus jeunes », explique Nathan Stephenson. Mais, poursuit-il, « les forêts anciennes ont des arbres de toutes tailles et il n’était pas clair lesquels grandissaient le plus vite, capturant ainsi le plus de dioxyde de carbone ».

Cette étude apporte une réponse claire à cette question: « pour réduire le dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère, c’est mieux d’avoir davantage de gros (et donc vieux, Ndlr) arbres », résume le chercheur.

« Cette connaissance va nous permettre d’améliorer nos modèles pour prévoir comment les changements climatiques et les forêts interagissent », a souligné Nathan Stephenson.

Près de quarante chercheurs ont participé à cette étude, qui a analysé des données remontant jusqu’à 80 ans en arrière et portant sur 670.000 arbres de 403 espèces différentes existant sur tous les continents.


Ernst Zürcher est Ingénieur forestier, docteur en sciences naturelles, professeur et chercheur en sciences du bois à la haute école spécialisée bernoise, chargé de cours à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (ETHZ).