𝐁𝐞́𝐚𝐫𝐧 𝐓𝐨𝐭𝐚𝐥 : Comment les anciens ou salariés de chez 𝐓𝐨𝐭𝐚𝐥𝐄𝐧𝐞𝐫𝐠𝐢𝐞𝐬 irriguent le tissu associatif

Sud-Ouest – le 28/10/2023 :

Michel Javault est président d’Habitat et Humanisme depuis juin 2022. Des fonctions qu’il occupait seulement six mois après la prise de sa retraite de chez TotalEnergies. © Crédit photo : Quentin Top/ « Sud Ouest »

Nombre de retraités du groupe TotalEnergies occupent des postes à responsabilité dans le monde associatif béarnais. Mais l’entreprise offre également du temps de travail de ses salariés à plusieurs structures

A tous les étages. On trouve d’actuels ou anciens salariés de TotalEnergies partout dans le monde associatif béarnais. À cela, tout d’abord, une raison évidente : l’entreprise est le plus gros employeur privé du Béarn.

Chez TotalEnergies, Michel Javault œuvrait au consulting interne, avant de devenir aujourd’hui président d’Habitat et Humanisme Pyrénées Adour. « Dans mon activité, j’accompagnais les équipes dans le changement ou pour donner un coup de main sur un projet », situe le retraité de 66 ans. Son poste l’a amené sur des terrains parfois surprenants, à l’instar de l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations au Gabon en 2017 en l’espace de quatre mois seulement. Une compétition dont TotalEnergies est le premier partenaire.

(…)

En politique aussi

En politique aussi, les actuels ou anciens de chez TotalEnergies sont représentés. « Je suis toujours dans les effectifs », souligne Patrice Laurent, maire de Mourenx et président de la Communauté de communes de Lacq Orthez. Celui qui a démarré comme opérateur dans la pétrochimie pour finir à la communication est en effet en congés sans solde depuis dix ans. « Je ne connais pas beaucoup de boîtes qui permettent cela, fait remarquer l’élu de 56 ans. J’ai abordé les dernières élections municipales avec une grande sérénité. Car ce n’était pas un enjeu de vie. »

LA CAPTURE ET LE STOCKAGE DU CARBONE, UN REMÈDE PIRE QUE LE MAL

Reporterre, le 10 février 2021 :

Les procédés artificiels de capture et de stockage du carbone (CSC) suscitent la convoitise des investisseurs. Derrière le filtre «vert», explique l’auteur de cette tribune, se trouve la promesse d’une activité coûteuse à l’excès qui servira à favoriser l’exploitation d’hydrocarbures.

Transition énergétique oblige, les procédés de capture et de stockage du carbone (CSC) reviennent dans le débat public. Elon Musk a même promis en janvier 100 millions de dollars à qui développerait la meilleure technologie. Appliqués à des processus industriels émetteurs de CO2, les technologies de CSC consistent à séparer puis à capter le CO2 émis, avant, pendant, ou après la combustion de l’énergie fossile, puis à comprimer ce CO2 et à le stocker profondément sous terre. Les lieux de stockage sont des puits de pétrole ou de gaz épuisés, ou d’autres réservoirs géologiques naturels supposés étanches (les aquifères salins profonds, les veines de charbon non exploitables), vers lesquels le CO2 est acheminé via des gazoducs.

Les volumes impliqués par la CSC sont très impressionnants. Imaginez une grosse centrale à charbon comme celle de Cordemais, en Loire-Atlantique. Sa puissance est de 1.200 MW (mégawatts). Quand elle fonctionne à plein régime, elle avale de l’ordre de 12.000 tonnes de charbon par jour. À Cordemais, le charbon arrive par bateaux. Mais, pour donner une idée de ce que représente ce volume, disons que, pour transporter ces 12.000 tonnes par wagons de cent tonnes chacun, il faudrait un train d’une longueur de deux kilomètres tracté par deux ou trois énormes locomotives. De tels trains n’existent pas en Europe.

Il faut transporter non plus 39.600 tonnes de gaz carbonique, mais près de 48.000 tonnes 

Supposez que ce charbon soit un bon anthracite dont la teneur en carbone est de 90%. À la fin de la journée, on aura brûlé 10.800 tonnes de carbone (90% de 12.000 tonnes). En brûlant dans l’air, chaque atome de carbone s’associe à deux atomes d’oxygène pour produire une molécule de gaz carbonique (c’est pour ça que le gaz carbonique s’écrit CO2). Mais les atomes d’oxygène sont un tiers plus lourds que les atomes de carbone. Un atome de carbone associé à deux atomes d’oxygène pour former une molécule de CO2 pèse ainsi 3,66 fois le poids de l’atome de carbone qu’on vient de brûler. Et donc, quand on a brûlé 10.800 tonnes de charbon, le processus de capture et de stockage de carbone doit renvoyer dans un trou gigantesque, 39.600 tonnes de gaz carbonique compressé.

Réaliser la CSC, de l’extraction du gaz carbonique des fumées des centrales à charbon jusqu’à son enfouissement en passant par sa compression et son transport, consomme en soi de l’énergie, de l’ordre de 20% de la consommation à laquelle il s’applique. La mise en œuvre de la CSC sur une centrale électrique au charbon implique donc qu’il faut transporter non plus 39.600 tonnes de gaz carbonique, mais près de 48.000 tonnes, soit le contenu de quatre trains comme celui que nous avons évoqué!

Notons que le processus n’enlève rien aux autres pollutions du charbon (mercure, arsenic, plomb, cadmium, antimoine, thorium et autres éléments radioactifs, cendres et poussières, et ce pas seulement au cours de l’extraction mais au cours de l’utilisation dans les centrales électriques).

Ensuite se posent les problèmes du coût, de la fiabilité de l’opération, des fuites pendant le transport, et des fuites des réservoirs géologiques de stockage.

Le CCS apporte un énorme avantage… aux compagnies pétrolières 

Un problème majeur concerne le contrôle des acteurs de la chaîne de la CSC. L’histoire nous a montré de façon répétée l’honnêteté relative de certains acteurs industriels et, concernant le carbone, la manipulation du marché des quotas de carbone par le grand banditisme. Par exemple, comment être certain qu’un navire gazier transportant 100.000 tonnes de CO2 arrivera bien à destination quand il sera si facile d’ouvrir les robinets, et de dégazer en pleine mer? Dans ce cas, pas de marée noire, pas de produit toxique, pas d’odeur, pas de saveur, aucune trace, aucune conséquence. Avec un gazoduc, ce serait encore plus facile.

Mais, en fait, le CSC apporte un énorme avantage… aux compagnies pétrolières. Le gaz carbonique injecté dans d’anciens puits de pétrole permet, par l’augmentation de pression dans le réservoir ou par fluidification, de faire remonter le pétrole qui y subsiste. Sur les vingt-quatre expériences de CSC en fonctionnement dans le monde, dix-neuf vendent le CO2 ou l’utilise directement pour l’extraction améliorée du pétrole (en anglais EOR pour Enhanced Oil recovery). À Weyburn, par exemple, au Canada, la CSC a permis d’étendre la durée de vie du gisement de pétrole d’une bonne vingtaine d’années et d’augmenter considérablement la quantité totale de pétrole extraite, une «formidable success story verte», titrait en juin 2020 le média JWN dédié à l’industrie minière et pétrolière.

Présentée comme un moyen de lutter contre le réchauffement climatique — mais à quel invraisemblable prix, on l’a vu —, la CCS pourrait, en fait, prolonger la vie des gisements de pétrole et stimuler ainsi le changement climatique.

« La chasse plaisir » expliquée par le président de la Fédération nationale des chasseurs

« La chasse plaisir » expliquée par Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs, le 10/11/2020 :

CLIQUEZ ICI – Lien Facebook FNE

Extrait : « (…) Beaucoup d’entre vous ont relevé également qu’il existait maintenant deux chasses en France. La CHASSE plaisir et la chasse de régulation.

Rassurez-vous, il n’y a pas deux chasses en France. Il n’y en a qu’une. C’est la CHASSE. La CHASSE qui nous procure du plaisir. Donc il n’y a qu’une chasse, rassurez-vous. C’est la chasse plaisir. Le reste, même si à travers cette chasse plaisir on s’emploie effectivement à « honorer » des missions de service public. Mais je ne verrai jamais la chasse personnellement et tant que je serai là comme une chasse qui puisse être une chasse de régulation. Si certains imaginent nous amener sur ce terrain, – je parle pas en interne – là ils se trompent, parce que ça ne va pas se passer comme ça. On gardera nos notions de chasse plaisir et c’est comme ça qu’on se définit, et c’est comme ça qu’on se définira toujours »

Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs, le 10/11/2020

Voir la vidéo intégrale sur le site de la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC), en cliquant ici

POUR « SAUVER LA PLANÈTE», L’INDUSTRIE TUE LES CAMPAGNES !

Reporterre – le 30 octobre 2019 :

Au nom de la transition énergétique, les campagnes s’industrialisent à grande vitesse. L’autrice de cette tribune raconte la métamorphose de la Haute-Marne, autrefois vivante et dorénavant colonisée par les éoliennes, les méthaniseurs, les plantations de biomasse…

unnamedIl est minuit, ma maison vrombit, mon cœur est écrasé, mon crâne résonne. Les fenêtres fermées, les boules Quies ne font qu’empirer les choses. Où aller ? Au fond des bois ? Les infrasons des éoliennes industrielles ne connaissent pas les frontières. Elles sont partout. Mon corps est à bout.

Seules deux vallées ne sont pas encore attaquées à proximité de chez moi. Les mâts des éoliennes et les méthaniseurs poussent aussi vite que tombent les forêts ! Il n’y a plus de refuge. La campagne s’industrialise.

J’ai passé le week-end chez moi, face aux collines, dans mon village de 70 habitants, la maison dans laquelle mes enfants ont grandi, qu’on a restaurée ensemble. J’avais beaucoup à faire, je n’ai rien fait ou presque, je n’ai pas eu besoin de regarder la météo pour savoir d’où venait le vent. Mon corps n’avait qu’une tension, fuir ce lieu inondé par un poison vibratoire. Du sud au nord, en passant par l’ouest, plus de 70 éoliennes industrielles de 150 mètres. À l’Est, six, 183 m de haut, diamètre 150 m, bientôt 29. Partout, des centaines en projet ou prêtes à sortir de terre. Du haut de la colline, j’ai dit adieu aux couchers de soleil il y a neuf ans, et récemment aux levers. Adieu à la nuit pure. Les promenades sur le plateau rendent fou.

Les bois qui n’ont pas encore été rasés sont dépouillés depuis qu’on ne parle plus de forêts, mais de biomasse 

À 200 m de la maison, deux fermes, « normales » il y a peu, incarcèrent désormais douze mois sur douze quelques centaines de vaches sous les tôles. Ventilateurs, tanks à lait, robots de traite, engins qui désilent, mélangent, transportent, paillent, distribuent, curent, et retransportent. Les bruits de moteur sont incessants. Vaches à méthane ou vaches à lait, toutes ont le même sort, les riverains aussi !

Marie, une riveraine, est à bout, sur sa petite route de campagne. Sept jours sur sept, les tracteurs passent pour alimenter le méthaniseur voisin en fumier collecté dans un rayon de 60 km, les prés ont été retournés pour planter le maïs qui servira à nourrir le méthaniseur et les vaches prisonnières qui fournissent la manne. La paille aussi voyage. Sous la canicule, les vaches enfermées hurlent, tapent nuit et jour dans la ferraille qui les enferme, l’ensilage pue.

Où aller ? Au fond des bois ? Quels bois ? Ceux qui n’ont pas encore été rasés sont dépouillés depuis qu’on ne parle plus de forêts, mais de biomasse. De mes fenêtres, je vois clair au travers des collines. Plus de sous-bois, des champs de troncs. Le long des chemins, les arbres trop jeunes, condamnés à ne pas devenir des chênes centenaires, s’alignent, en attendant d’être déchiquetés avec beaucoup d’énergie, recollés en pellets, voire transformés en carburant ! Il y a quelque temps, un bûcheron s’inquiétait : « Dans dix ans, il n’y aura plus rien ! » Sur les photos aériennes, une bande boisée au bord des routes, pour tromper le peuple, mais c’est une coquille vide. Dix ans, c’était optimiste. Qui ose encore signer les pétitions contre la déforestation de la forêt amazonienne ? Le poumon vert de la France, ça ne compte pas ?

Officiellement, on n’a plus le droit de retourner les prairies [pas pour leur flore et leur faune, on s’en moque, mais comme pièges à carbone, fixateurs de sol…] Jamais on n’en a retourné autant que depuis les débuts de la « transition énergétique » ! Pour le maïs des méthaniseurs, le colza des carburants… Qui ose encore signer les pétitions contre l’huile de palme ?

« C’est une violence inouïe ! » m’a dit ce citadin reconverti à l’agriculture bio. Pour moi, c’est un viol. Un viol de ce pays qui m’a vue grandir, que mes ancêtres paysans ont soigné, que j’ai parcouru jusque dans ses moindres recoins… Un viol de mon droit au silence, ce bien le plus précieux. Depuis bientôt dix ans, hormis quelques nuits glaciales sans vent, pas une heure sans bourdonnement de moteur ou d’éolienne, dans ma maison dont les murs tremblent de cette maladie galopante.

Je bondis en lisant une phrase de l’association NégaWatt : « Nous avons également de vastes zones peu peuplées qui permettent l’installation [d’éoliennes]. » Ben voyons ! Nos élus comptent aussi remplir ainsi la « diagonale du vide ». Mais le vide n’est pas vide, nous y vivons, la nature y vit. Nous ne sommes pas un territoire à coloniser ! Pour eux, nous sommes une poignée de sauvages qui empêchent l’expansion de projets, qu’ils n’osent plus appeler « progrès », mais ont rebaptisé « transition énergétique », et font passer pour une « reconversion écologique ». Nous préférions être abandonnés : au moins, on nous laissait tranquilles !

On n’a pas le droit d’avouer que quelque chose cloche dans ce qui est présenté comme la seule issue

L’écologie, c’est ce que nous avions, avant. Du silence, de vraies nuits, des forêts gérées avec sagesse en mode cueillette, avec respect pour leurs bêtes, grandes et petites. Celles qui ne peuvent pas fuir crèvent désormais au soleil de vastes étendues rasées, les autres ne savent plus où aller. L’écologie, ce n’est pas ce monde industriel qui se cache derrière des noms aguicheurs.

Ce monde, on nous l’impose sans démocratie, avec le plus profond déni de notre citoyenneté, des enquêtes publiques, qui sont des mascarades, les rares refus préfectoraux étant cassés par les tribunaux administratifs. Les enquêtes surviennent sans annonce claire, il faut surveiller les sites préfectoraux, qui ont changé de page sans l’annoncer clairement, supprimé les dates, lieux, natures d’activité ; certains se retrouvent avec des éoliennes derrière chez eux sans jamais en avoir entendu parler. Lors des plaintes, les promoteurs sont juge et partie, seules leurs conclusions sont retenues. La notion de conflit d’intérêts disparaît, les directives régionales sont piétinées, les lois faites sur mesure pour faciliter l’invasion…

Nous sommes dépossédés de notre territoire, sans droit à la parole, sans droit de nous défendre, la proie de lobbies qui manipulent le pouvoir. On nous accuse de « retarder la transition énergétique » avec nos vaines rébellions ; retarder, c’est tout, on se défend, mais on se fait quand même dévorer ! La démocratie est bafouée.

Ceux qui pleurent à cause du bruit, des acouphènes, du cœur qui s’emballe au rythme des pales osent rarement témoigner. Ils ont honte, ce ne serait pas politiquement correct, il faut accepter de souffrir pour « le bien de la planète ». On n’a pas le droit d’avouer que quelque chose cloche dans ce qui est présenté comme la seule issue. Ils ont peur, aussi. Alors que l’électrosensibilité peine à se faire reconnaître, on se gausse de la sensibilité aux infrasons, trop méconnue, qu’on fait passer pour une maladie psychique.

On assiste à un parfait écocide, discret, se cachant sous de pseudo « bonnes intentions »

« Les opposants retardent la transition énergétique. » Mais qui se penche sur nos vies brisées, nos investissements et nos projets tués ? Les vergers que nous ne plantons plus, la maison devenue invivable et invendable, nos promenades quotidiennes, les circuits de randonnée, le panorama d’une ville touristique… L’âme de nos campagnes, notre silence, notre sommeil, notre santé, notre capacité de concentration et celle des enfants des écoles, notre efficacité au travail, les étoiles, le noir de la nuit, nos forêts, nos prairies, la liberté des vaches, le relief, écrasé, ce qu’on n’a plus la force de faire. Tout est tué brutalement ou à petit feu.

Et les ressources ! Que de pétrole pour nourrir avec l’ensilage et l’enrubanné de l’an dernier des vaches qui il y a peu broutaient dehors, là où on cultive le maïs qu’elles ingurgiteront l’an prochain ; pour ériger ces monstres blancs trois fois plus hauts que nos collines, qui, ici, ne fonctionnent qu’à 18 % de leur capacité, de façon intermittente et aléatoire ; pour couper, transporter, déchiqueter nos trop jeunes arbres, cultiver le maïs et le colza. Pour fuir ! Que de sols détruits ! Nous sommes assez près de notre terre pour constater au quotidien cette tromperie que les citadins ne voient pas !

Si au moins tout cela servait à autre chose qu’engraisser sur nos deniers des lobbies et ceux qui leur ouvrent grand les portes. Nous sommes sacrifiés sur l’autel d’une idéologie capitaliste qui veut vendre les engins nécessaires à son accomplissement. Jamais nous n’avons vu autant de machines, entendu autant de moteurs dans nos campagnes, nos forêts, planer sur nos têtes… La «croissance verte» tue l’idée de décroissance, autant que nos territoires, pour justifier ses objectifs.

On assiste à un parfait écocide, discret, se cachant sous de pseudo « bonnes intentions », ou pire, sous une injonction de « sauver la planète ». Mais on s’est trompé de ministère, la production d’énergie pour le confort humain, ce n’est jamais de l’écologie, c’est de l’industrie !

Comme chaque fois que le vent vient du nord-ouest, ma maison vrombit plus que les autres jours. Mon corps ne sait où aller, je pleure. Dans quelques mois, le vent d’est sera lui aussi un poison. Arrêtez la torture !

Laissez-nous vivre ! VIVRE !


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Une lobbyiste de la pollution au cœur de la convention pour le climat

Reporterre – le 5 octobre 2019 :

Parmi les douze membres choisis pour « gouverner » la convention citoyenne pour le climat figure Catherine Tissot-Colle. Elle est cadre dirigeante d’Eramet, une multinationale de l’extraction minière, particulièrement polluante et émettrice de gaz à effet de serre.

C’est une nomination pour le moins surprenante. Catherine Tissot-Colle, responsable du Medef, le syndicat des chefs d’entreprise et conseillère d’une grande entreprise minière a rejoint le comité de gouvernance de la convention citoyenne pour le climat. Cette convention rassemble 150 citoyens tirés au sort qui devront proposer des mesures d’ici fin janvier pour réduire les émissions de gaz à effet de serre en France.

Catherine Tissot-Colle fait désormais partie des douze membres qui gouvernent cette instance originale de démocratie participative. Selon la lettre de mission écrite le 2 juillet 2019 par le Premier ministre, Édouard Philippe, le comité de gouvernance a pour objectif de « superviser la mise en œuvre et les méthodes de travail de la Convention ». Ce comité désigne des experts et fournit le cadre méthodologique des futurs débats. Un rôle loin d’être mineur, qui peut orienter les travaux de la nouvelle assemblée.

Catherine Tissot-Colle, 63 ans, travaille depuis 2001 à Eramet, un leader de l’extraction du nickel, du lithium et du manganèse. Le chiffre d’affaires du groupe dépasse les 3,8 milliards d’euros en 2018. Avant d’entrer chez Eramet, elle avait été salariée pendant douze ans chez Areva. En 2007, elle est devenue directrice de la communication et du développement durable à Eramet avant d’être nommée, à partir du 1er octobre 2018, conseillère auprès du président-directeur général du groupe. Selon les informations disponibles auprès de l’Autorité des marchés financiers, elle touchait en 2008 une rémunération annuelle de 195.099 euros avec voiture de fonction.

En parallèle de ses activités professionnelles, elle est entrée au Conseil économique, social et environnemental (CESE) en 2010 pour y représenter le Medef, dont elle est membre du conseil exécutif depuis 2012. En 2014, elle est devenue présidente de la commission RSE (responsabilité sociale des entreprises) du syndicat patronal. Elle est également porte-parole de la Fédération des minerais, minéraux industriels et métaux non ferreux, un organisme qui rassemble les industries métallurgiques et défend leur intérêt dans le cadre de réformes institutionnelles, comme la récente révision du code minier.

Au micro d’Europe 1, en avril 2018, Catherine Tissot-Colle disait sa fierté de représenter la filière. Elle se prononçait en faveur de l’extraction d’or en Guyane et pour « la réouverture de mines en France métropolitaine » :

« Je ne travaillerais pas dans ce secteur si je n’avais pas la conviction qu’il pourrait être responsable […] L’extraction peut se faire de manière convenable et c’est un magnifique défi. »

Eramet est au cœur de plusieurs scandales écologiques

Un discours éloigné de la réalité. L’extraction minière est une activité fortement émettrice de gaz à effet de serre. Peu de données existent mais en 2008, une étude américaine montrait que les émissions du secteur correspondaient à 3,4 Gt CO2-Eq/an (giga-tonnes d’équivalents CO2 par an) et 9,5 % de la consommation énergétique globale. L’industrie minière serait également responsable de 6 % de la déforestation dans le monde.

Le groupe Eramet est au cœur de plusieurs polémiques. Si Catherine Tissot-Colle invite « à s’inscrire dans une logique citoyenne », l’expérience démocratique de son entreprise semble laisser à désirer. (…)

La transparence ? Catherine Tissot-Colle refuse les interviews

Catherine Tissot-Colle en janvier 2018.

Comment expliquer la présence d’une lobbyiste dans le comité de gouvernance de la convention citoyenne pour le climat ? Pourquoi une représentante du Medef, membre du CESE a-t-elle une place de choix dans ce comité de gouvernance contrairement aux associations écologistes qui siègent au CESE ? Est-ce parce que le président du CESE, Patrick Bernasconi, qui a pour mission d’organiser les travaux de la convention citoyenne, est lui-même un ancien membre du comité exécutif du Medef ?

Durant une semaine, Reporterre a cherché vainement à contacter Catherine Tissot-Colle par courriel et téléphone, appelant son attaché de presse presque tous les jours. À deux reprises, elle a annulé l’entretien prétextant « un contretemps de dernière minute ». Quand les raisons de la demande d’interview ont été données, son attaché de presse nous a répondu que « les informations sont publiques, de toute manière, il n’y a rien de caché ». Reporterre a par ailleurs sollicité les organisateurs de la convention afin d’obtenir les déclarations d’intérêts des membres du comité de gouvernance comme il est proposé sur le site de la convention. Nous n’avons rien reçu.’

La convention citoyenne pour le climat s’ouvre dans la controverse

Reporterre – le 4 octobre 2019 :

Voulue par Emmanuel Macron, la convention citoyenne pour le climat se réunit pour la première fois avec pour mission d’« accélérer la transition écologique ». Cette démarche originale suscite cependant des questions.

Pendant quatre mois, la convention citoyenne pour le climat va réunir, à la demande du gouvernement, 150 citoyens tirés au sort pour proposer des mesures à même de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’« accélérer la transition écologique ». Cette ébauche de démocratie participative suscite néanmoins de nombreuses polémiques. N’est-elle qu’un moyen pour le pouvoir de gagner du temps ? Un artefact qui révèle l’OPA gouvernementale sur l’écologie ? Ou, au contraire, une avancée démocratique majeure capable de lever les freins à l’impérieuse nécessité de lutter contre le réchauffement climatique ? (…)

1. Une porte de sortie à la révolte des Gilets jaunes ?

Dès les débuts de son élaboration, cette convention a provoqué un vent d’hostilité. Le collectif Gilet citoyen, qui s’est constitué fin janvier 2019 pour porter cette proposition d’assemblée, est composé d’une diversité d’acteurs : des élus politiques, des membres d’associations, des entrepreneurs, des chercheurs. On retrouve ainsi parmi les signataires de la lettre adressée au gouvernement, où le collectif mentionne pour la première fois une assemblée citoyenne, Bertrand Pancher, naguère proche de François Fillon, pronucléaire et favorable au projet Cigéo d’enfouissement des déchets radioactifs, ou Carole Delga, l’ancienne secrétaire d’État chargée du Commerce et de l’Artisanat sous le gouvernement Valls.

Ce collectif est suspecté par plusieurs militants d’avoir opéré une forme de trahison et de récupération de la lutte des Gilets jaunes. (…) « Il y aurait d’un côté les Gilets jaunes, factieux, incontrôlables que l’on conspue et de l’autre côté des Gilets citoyens, sérieux et responsables, ouverts au dialogue. »

2. Un prétexte à l’inaction ?

3. Une instrumentalisation de la part du gouvernement ?

(…) La convention pourrait être une manière de faire peser sur les citoyens le poids d’une relance de la taxe carbone, qui obtiendrait, de ce fait, une onction démocratique.

4. Une mise sous tutelle des citoyens ?

Le rôle du comité de gouvernance au sein de la convention citoyenne est critiqué. Ce groupe composé d’une douzaine de membres — climatologue, experts de la démocratie participative, acteurs du champ économique et social — doit assurer le pilotage des travaux de la convention. Il définit l’ordre du jour, les méthodes de travail, le rythme des ateliers et sélectionne une liste d’experts et de grand témoins. Un rôle important qui interroge.

(…) « Dans cette convention, on traite les citoyens comme des mineurs, des écoliers que l’on va former grâce à des experts soi-disant neutres ». (…)  les citoyens n’ont aucune souveraineté. « Ils sont enfermés dans un cadre imposé, avec un objectif défini sans eux. » Comment pourront-ils alors reprendre la main ?

5. L’écologie peut-elle être consensuelle ?

En filigrane se pose la question du rapport de force politique. L’enjeu semble évacué par la convention citoyenne, qui pense croire que l’action pour le climat pourrait faire l’objet d’un consensus. Et que l’on pourrait mettre autour d’une même table des groupes de pression tels que le Medef (le syndicat patronal est présent par l’intermédiaire de Catherine Tissot-Colle, membre du comité de gouvernance) avec les citoyens pour avancer main dans la main.

« Le consensus est une idée séduisante mais une réalité dangereuse, souligne Maxime Chedin. Le péril climatique ne met pas tout le monde à égalité et l’écologie ne nous réconciliera pas », affirme-t-il.

Il ne faut pas, selon lui, soustraire certaines responsabilités. (…)

SUR LES ESCROCS DU CLIMAT

Par Frédéric Wolff – Site ‘Planète sans visa’ de Fabrice Nicolino :

markus-spiske-n52HL8hmsdg-unsplashLes escrocs du climat offrent des visages versatiles. Les climato-sceptiques n’ont certes pas disparu mais ils se font plus discrets, au moins en France. Ces tristes sires méritent assurément notre dédain, mais au moins, ils affichaient la couleur. Nous savions clairement à quoi nous en tenir. Avec les imposteurs du climat, les frontières se brouillent, les ennemis avancent masqués.
A mesure que progresse la perspective d’une dislocation des équilibres vitaux et sociaux, l’heure est à la conversion. Tout le petit monde de la politique franchouillarde est subitement devenu « écologiste », je mets ce mot entre guillemet, bien sûr. Pas un programme qui n’ait son boniment sur la planète, la transition énergétique, etc. Qu’importe que ce baratin soit une coquille vidée de toute substance par son insignifiance ou son télescopage avec des mesures productivistes et technophiles. Ce qui compte, c’est d’avoir l’air.

Il y a, dans cette entourloupe, des degrés différents, et il serait utile, à l’occasion, d’établir une typologie des enfumeurs du climat. J’aimerais ici m’arrêter sur trois d’entre eux : les illusionnistes de la neutralité carbone, les fanatiques de l’innovation numérique, les adeptes de l’industrie du renouvelable.

ales-krivec-KnV-mJDGWzU-unsplash.jpgLa neutralité carbone pour commencer. Comme tous les nouveaux concepts de la technocratie triomphante, celui-là est propice à la confusion. Nicolas Hulot, alors ministre, l’avait inscrit dans son plan climat. A première vue, l’idée pourrait sembler intéressante. Viser un équilibre entre ce que l’on émet et ce que l’on absorbe, ne serait-ce pas une solution ? A regarder de plus près, c’est une tout autre réalité qui apparaît. Car il y a plusieurs voies pour atteindre cette neutralité. La baisse des émissions de gaz à effet de serre d’une part, la compensation et la géo-ingénierie d’autre part. Sauf à être doté d’une naïveté confondante, il est clair que la première solution a peu de chance d’être sérieusement retenue.

Reste donc à compenser, à l’image du lobby des transports aériens dont l’objectif est d’être neutre en carbone. Imagine-t-on qu’ils vont réduire leur trafic ? Évidemment non. Pareil pour la Norvège, qui ambitionne cette neutralité pour 2030 tout en développant ses projets pétroliers en Arctique. Comment réussir ces tours de passe-passe ? En achetant des forêts, des quotas de carbone, autrement dit des droits à foutre en l’air le climat, à expulser des communautés de leur lieu de vie et à polluer à tout va. Après les climato-sceptiques, les climato-cyniques. On progresse. Vous voulez dévaster une forêt pour planter des palmiers à huile, pour installer des industries minières, un aéroport, un complexe de loisirs, un centre d’activités commerciales ? Un crédit carbone fera l’affaire. Une petite compensation concoctée par un bureau d’étude choisi et payé par le bétonneur, et le tour est joué. Il suffit de payer. Le climat est à vendre. Spéculateurs, à vos tablettes ! Tout est déménageable, substituable, monnayable. Les arbres, les mares, les grenouilles… La nature est obsolète. Place au capital naturel, aux unités de compensation, aux réserves d’actifs naturels, aux coefficients de valeur, aux services éco-systémiques… Bientôt, les chants d’oiseaux auront un prix, et les abeilles, et la beauté. Bientôt, plus rien ne sera gratuit.

C’est fou ? Ça l’est. Comme si l’on pouvait réduire la complexité du vivant à un chiffre, à des fonctions interchangeables. Comme s’il y avait équivalence entre la restauration d’un milieu, par nature lente, et le saccage d’un habitat, fulgurant grâce aux moyens techniques modernes. Comme si l’on pouvait stocker indéfiniment du carbone sans que les forêts saturent, les océans s’acidifient dangereusement. Comme si tout était comparable, la destruction irréversible et la protection temporaire – les baux des lieux compensés ont une durée de vie de 30 ans maximum. Comme si une forêt primaire pouvait être convertie en une monoculture d’eucalyptus.

Autre entourloupe aux effets imprévisibles et potentiellement dévastateurs : la manipulation du climat. Capter, séquestrer, enfouir le carbone, épandre de la poussière de silicate sur la terre et dans les mers, reproduire la photosynthèse naturelle dans une feuille artificielle, pulvériser du souffre dans la stratosphère, déplacer l’orbite de la Terre pour l’éloigner du soleil… Rien n’est impossible pour les apprentis-sorciers de la géo-ingénierie.

Pour prolonger ces questions, un recueil d’entretiens qui m’a apporté de précieuses informations pour l’écriture de ce texte : « La nature comme marchandise », d’Antoine Costa , publié par Le monde à l’envers, remarquable petit éditeur aux textes décapants.

alexandre-debieve-FO7JIlwjOtU-unsplash.jpgDans un autre genre, les fanatiques du numérique se posent un peu là dans l’imposture. Cette industrie, que l’on nous a présentée comme dématérialisée, est un accélérateur foudroyant du cataclysme écologique et humain, qu’il s’agisse d’internet, des gadgets informatiques en tous genres (smartphone, tablettes, puces, objets connectés et j’en passe), des drones, de l’école numérique, des mouchards intelligents, des caméras de surveillance, des infrastructures gigantesques… Comme si tout cela ne suffisait pas, voici qu’arrivent la 5G et ses milliards de connexions à nos frigos, nos brosses à dents, nos machines à laver, nos caméras de contrôle, nos véhicules sans conducteur, nos robots agricoles… Pas plus que les précédentes innovations morbides, celle-là n’est soumise à un examen sérieux, à un grand débat quelconque. Démocratie ? Foutaise. Plus un endroit du territoire n’échappera aux rayonnements délétères des antennes et des satellites. Ce monde est en train de devenir un gigantesque four à micro-ondes et nous voilà réduits à l’état de molécules s’agitant dans tous les sens pour le faire fonctionner ou pour tenter désespérément de s’en protéger. Quid des conséquences sur les oiseaux, les abeilles, tout le vivant dont nous sommes ? Grâce à cette industrie énergivore, nous aurons le chaos climatique, la pollution, la surveillance, la pénurie administrée et les pathologies liées aux ondes nocives.

luca-bravo-YoelVcKWmws-unsplash.jpgEnfin, derniers acteurs de cette funeste trilogie *, les forcenés des industries renouvelables qui voudraient nous faire croire que leurs énergies vertes sont vertueuses, propres et respectueuse du climat et des droits humains. Métaux rares, acier, plastique, béton, pétrole, camions, grues, pollutions… tous ces ingrédients sont consubstantiels aux industries éoliennes et photovoltaïques. Quant aux grands barrages, ils ont provoqué le déplacement de 80 millions de personnes dont des peuples menacés d’ethnocide, ils perturbent la faune et la flore des bassins versants, fragmentent le cours des rivières, noient des forêts primaires… Ces énergies pour quoi ? Pour faire fonctionner une industrie destructrice. La boucle est bouclée.

Il y eût un temps où l’écologie incarnait – et incarne encore pour certains – une rupture avec la civilisation industrielle, avec l’ordre économique du monde. Elle visait – vise – une émancipation des servitudes et des nuisances modernes : le consumérisme, la croissance, la servitude technologique, la puissance extravagante des multinationales. Elle appelait – appelle – à une réduction drastique des productions et des consommations de biens matériels, à une modification profonde de nos modes de vie.
L’écologie dont les usurpateurs se gargarisent est tout autre. Elle est un rouage de la société technicienne. Un lubrifiant de la machine. Une technocratie qui fait semblant. Alors oui, faisons tomber les masques. Leur vrai visage ? Le nom qu’ils pourraient porter sans risquer le déshonneur ? J’en vois un, pour ma part. Escrologistes.

* à laquelle on pourrait ajouter les nucléocrates au secours du climat, les zélateurs du glyphosate au service de la séquestration carbone permise par le non-labour, les dogmatiques de la croissance verte et de son cortège funèbre, les psychopathes du transhumanisme qui vont nous fabriquer un homme-machine adapté à un monde dévasté (lire à ce sujet l’excellent essai de Pièces et main d’œuvre : « Manifeste des chimpanzés du futur, contre le transhumanisme », chez Service compris.

Fusion AFB/ONCFS : Non à une loi chasse, oui à une loi biodiversité !

Communiqué Animal Cross / ASPAS :

sebastian-pociecha-629324-unsplash‘Suite au vote du Sénat, la fusion de l’Agence Française de la Biodiversité avec l’Office National de la Chasse et de la Faune sauvage

tourne scandaleusement à l’avantage des chasseurs,

avec de très nombreux nouveaux cadeaux.

La « gestion adaptative des espèces » ouvre désormais la porte à la chasse de nouvelles espèces, du moment que l’espèce est considérée comme « en bon état de conservation » – et donc potentiellement aussi des espèces protégées.

Les modes de chasse traditionnels, comme la chasse à la glu, seront considérés « patrimoine national ». Une pratique barbare, qui capture indifféremment tous les petits oiseaux qui subissent une véritable torture durant des heures.

Le projet entérine l’extension de la saison de chasse des oies cendrées, rieuses et des moissons, qui fait pourtant l’objet d’une plainte contre la France. Cette décision s’oppose à la Directive Oiseaux votée en 2009 par l’Union Européenne, qui stipule qu’il est interdit de chasser les oiseaux migrateurs de retour sur leurs lieux de nidification.

Le gouvernement remettra au Parlement avant le 1er janvier 2020 un rapport sur la présence du loup en France et des préconisations pour « remédier aux difficultés constatées ». Ce qui sous-entend de tuer davantage de loups.

Le conseil d’administration de l’OFB sera composé d’au moins 10 % de chasseurs et au moins 10 % d’organisations agricoles et forestières. Les associations de protection de l’environnement seront 5 fois moins représentées que les lobbys de la chasse, de la pêche, de la sylviculture et de l’agriculture.

Les fédérations régionales de chasseurs pourront se porter candidates auprès de l’État pour gérer les réserves naturelles. La superficie minimale des réserves de chasse communales et intercommunales, censées permettre à la faune de se reconstituer, passera de 10% à 5% de la superficie du territoire. Les fédérations départementales des chasseurs remplaceront les Préfets pour organiser les ACCA (Associations communales de chasse agréées).

Pour interdire la chasse chez soi, il faudra donc en faire la demande aux chasseurs !

Les chasseurs ne sont plus tenus de ramener leur carnet de chasse s’ils n’ont rien tiré. Tout chasseur pris à ne pas communiquer sur le prélèvement d’une espèce peut faillir encore 3 ans, contre 1 an auparavant, avant de se voir interdire la chasse de cette espèce pendant 2 ans, contre 5 ans dans le texte précédent.

Quant aux citoyens qui s’aviseraient d’ »empêcher, entraver ou gêner l’acte de chasse ou le déroulement d’une action de chasse en cours », ils seront à l’avenir passibles d’un an d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.

Cerise sur le gâteau, l’OFB, institution française censée protéger la nature, aura aussi pour objectif de « contribuer à l’exercice de la chasse et de la pêche en eaux douces durables » et portera le nom d’Office français de la biodiversité et de la chasse !

Nous vous rappelons en outre que 81% des français ne sont pas favorables à la chasse, selon un sondage IPSOS de 2018 (source : One Voice) et que 69% d’entre eux rejettent massivement la chasse, selon un sondage IFOP de 2019 (source : 30 Millions d’Amis).

Ne laissons pas faire ! Demandons solennellement aux députés et sénateurs de revenir sur ces décisions au nom de l’avenir de la biodiversité et de l’environnement !

Merci de signer cette pétition, rédigée par l’ASPAS & Animal Cross, et de la faire passer autour de vous, la situation est grave….

SIGNEZ LA PÉTITION EN LIGNE – Cliquez ici

Comment les géants du pétrole cherchent à « capturer les discours » sur le climat

Observatoire des multinationales – le 22 mars 2019 :

arton1347ExxonMobil, Chevron, BP, Shell et Total dépensent près de 200 millions de dollars par an en publicité pour se doter d’une image positive sur l’enjeu du climat. Dans le même temps, les géants du pétrole continuent à faire du lobbying, directement et via leurs associations professionnelles, pour éviter toute politique ambitieuse de limitation des énergies fossiles.

L’ONG InfluenceMap s’est fait une spécialité de décortiquer les stratégies de lobbying et les doubles discours des géants de l’énergie (voir notre précédent article). Elle réitère aujourd’hui avec un nouveau rapport analysant dans le détail la stratégie d’influence déployée, depuis la signature de l’Accord de Paris sur le climat fin 2015, par les cinq principales majors pétrolières : ExxonMobil, Chevron, BP, Shell et Total.

Le charbon, le pétrole et le gaz sont de loin la première source d’émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. Naturellement, les multinationales qui extraient et vendent ces hydrocarbures se sont retrouvées sommées de se justifier de leur responsabilité dans la crise climatique. Après avoir longtemps dénié le problème, elles ont fini par changer de stratégie (surtout en ce qui concerne les majors européennes), et préfèrent désormais donner au public une image plus positive sur le sujet… mais sans vraiment changer de pratiques.

« Capturer le discours »

L’un des principaux enseignements du rapport d’InfluenceMap est que les 5 géants du pétrole dépensent désormais autant d’argent – environ 200 millions dollars par an – en campagnes promotionnelles destinées à améliorer leur réputation sur l’enjeu climatique (ce que les auteurs appellent « climate branding ») qu’en lobbying proprement dit sur les dossiers liés au climat. Mais en réalité, ces campagnes sont elles aussi une forme de lobbying, puisqu’elles visent souvent à

« capturer le discours climatique » en détournant l’attention du public et en positionnant Total, Shell et compagnie comme les seuls experts sérieux sur le sujet.

Une stratégie typique des majors consiste à insister lourdement dans leur communication sur des initiatives « vertes » très modestes, pour mieux passer sous silence leurs investissements massifs dans de nouveaux gisements de pétrole et de gaz. Exemple caricatural : ExxonMobil vante auprès du public ses agrocarburants à base d’algues, mais les objectifs qu’elle s’est fixée dans ce domaine à l’horizon 2025 correspondent à … 0,2% de sa capacité de raffinage. InfluenceMap estime ainsi que les cinq majors ne consacrent que 3% de leurs capitaux aux énergies « bas carbone ». Bien moins que ce qu’on pourrait espérer au regard de leur effort publicitaire…

Le terme même d’énergie « bas carbone », abondamment utilisé par les industriels, est une manière de créer de la confusion en mettant dans le même sac différentes technologies pas forcément très vertes et pas forcément renouvelables, comme le gaz naturel, les agrocarburants et quelques autres. Autant de manipulations que nous avions documentées dans notre analyse de la Stratégie climat publiée il y a deux ans par Total (lire Total : une « stratégie climat » en trompe-l’oeil).

Lobbying 2.0

Dans le même temps, ces mêmes majors pétrolières ne se gênent pas pour poursuivre leur travail de sape contre toute politique ambitieuse de lutte contre le changement climatique, qui impliquerait de mettre un frein à leur développement. Mais elles le font

principalement via leurs associations professionnellesautrement dit les lobbys du secteur pétrolier – plutôt qu’en leur nom propre.

Une manière de préserver l’image verte qu’elles se sont payée, sans rien céder sur le fond. L’une des plus puissantes de ces associations professionnelles est l’American Petroleum Institute, dont sont membres les cinq majors (Total siège même à son conseil d’administration). C’est cette structure qui a mené la charge auprès de Donald Trump pour demander – et obtenir – l’abandon des régulations adoptées par l’administration Obama sur les émissions de CO2 et de méthane. C’est également ainsi que Total, tout en déclarant officiellement son soutien à un prix du carbone, peut pousser exactement en sens inverse via sa participation à l’American Petroleum Institute, à American Fuel and Petrochemical Manufacturers ou à la Canadian Association of Petroleum Producers.

Ce lobbying prend aujourd’hui de nouvelles formes. À l’occasion des élections de mi-mandat de 2018 aux États-Unis, les majors pétrolières ont non seulement financé les campagnes électorales de candidats démocrates et (surtout) républicains, comme elles le font depuis toujours. Elles ont aussi dépensé plusieurs millions de dollars en publicités ciblées via Facebook ou Instagram dans plusieurs États « sensibles ». Comme le Texas où le sénateur républicain sortant était menacé, ou encore le Colorado, l’Alaska et Washington, qui avaient mis au vote des résolutions limitant le développement de l’industrie pétrolière et gazière. Pour cette fois, elles ont à chaque fois gagné.

Comment les lobbies des emballages se cachent derrière des associations anti-déchets pour éviter des solutions plus radicales

Observatoire des multinationales – le 11 septembre 2018 :

arton1259.jpgAlors que le soutien politique à des solutions radicales pour mettre fin au fléau des plastiques à usage unique ne cesse de croître, gros plan sur les liens entre l’industrie des emballages et les ONG anti-déchets.

(…) Il est bien moins coûteux et bien plus commode pour ces industriels de déplacer l’attention vers les consommateurs et la responsabilité individuelle en matière de déchets que de modifier leurs pratiques de production et d’emballage. On ne s’étonnera donc pas que l’industrie des emballages et ses clients dans le secteur de l’alimentation et de la boisson soutiennent de nombreuses campagnes de sensibilisation anti-déchets partout en Europe. Ils y trouvent de nombreux avantages, à commencer par celui de donner à leurs produits plastiques un vernis vert de respectabilité environnementale. Mais cette tactique a également des objectifs plus insidieux, en particulier celui de modifier la perception populaire et politique du problème des déchets, et notamment du plastique et des emballages à usage unique. Mettre la collecte des déchets, aussi importante soit-elle, au centre du débat revient à déplacer la responsabilité de s’attaquer au problème vers les collectivités locales et les citoyens, plutôt que vers les industriels. Et donc d’éviter des mesures politiques plus radicalescomme celles rendant les industriels responsables de leurs produits sur toute leur durée de vie – qui pourraient nuire à leur taux de profit.

(…) Les associations anti-déchets sauvages font certainement un travail remarquable de mobilisation des gens pour nettoyer leurs rues ou leurs plages. Mais un trop grand nombre d’entre elles ont été créées par des intérêts industriels, dépendent du financement des entreprises, partagent leurs employés avec celles-ci, permettent à ces intérêts de guider leur action, et/ou servent de consultants aux industriels.

Parfois, il ne s’agit que d’une démarche classique de « greenwashing », ce qui est déjà problématique, mais parfois les positions de l’industrie et des ONG deviennent indiscernables. Lorsque ces positions partagées consistent à manipuler délibérément la perception publique du problème des déchets et à entraver l’essor de politiques publiques progressistes, il y a un sérieux problème.

 


Observatoire des multinationales – le 11 septembre 2018 :

« Gestes propres » : quand les industriels du plastique culpabilisent les citoyens

arton1260.jpgComme chaque été, des campagnes de sensibilisation omniprésentes sont venues nous alerter, en tant que touristes et citoyens, sur les déchets sauvages et leurs dangers. Campagnes souvent financées par les industriels du plastique, de la malbouffe et de l’eau en bouteille, qui y trouvent un moyen commode d’améliorer leur image tout en rejetant la responsabilité de la pollution plastique sur d’autres. (…)

Déresponsabilisation des industriels

(…) Cette stratégie de lobbying n’est pas spécifique à la France. Confrontés au risque de voir adopter des mesures radicales qui remettraient en cause leurs modèles commerciaux établis, les industriels du plastique ont créé ou financé des associations de façade apparemment « écolos » – une pratique souvent appelée « astroturfing » – chargées de porter la bonne parole au citoyen sur les déchets sauvages, et surtout d’empêcher des solutions plus radicales.