PESTICIDES, MALADIES & MALFORMATIONS : L’INSUPPORTABLE SILENCE DES AUTORITÉS

Que ce soit à l’échelle d’un village, d’une ville ou d’un pays, parler à tue-tête d’écologie et de biodiversité aux citoyens est une chose : les sensibiliser sur la manière dont ils mangent, dont ils consomment, la manière dont ils font leur jardin, tirent leur chasse d’eau, récupèrent ou pas les eaux de pluie, etc… tout ce qui a trait à leur sphère privée, ne suffit bien entendu plus.

Il est GRAND temps de mettre en lumière les pollutions qui affectent directement les citoyens, et ce, à leur insu. GRAND temps de s’adresser directement aux véritables auteurs de ce désastre écologique, et de leur dire Stop : ces industriels et pollueurs divers et variés, qui n’ont aucun respect du vivant, qui n’ont ni respect des lieux, ni des personnes, pas même des populations.

A voir le reportage d’Arte sur les cas de bébés sans bras en Allemagne, que l’on retrouve – Oh fait étrange ! – également en France dans des zones rurales ou limitrophes :

L’EXPLOSION DES TROUBLES CHEZ LES TOUT-PETITS SUREXPOSÉS AUX ÉCRANS

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Le Figaro – :

À l’heure des tablettes pour bébés et des enfants élevés au smartphone, un médecin de PMI alerte sur ces comportements «ressemblant à des symptômes autistiques» chez les enfants trop confrontés aux écrans. Son constat de terrain, partagé par d’autres professionnels de la petite enfance, fait également polémique.

enfants-ecransIls ont l’âge des premiers babillages, du cheval à bascule, des empilements de cubes… et déjà un smartphone à la main. Dans le train, en voiture, dans les salles d’attente, plus personne ne s’étonne de ces bambins plongés dans le téléphone portable de papa ou maman, tapotant l’écran tactile avec la même dextérité qu’un adulte. Comme Sofiane * qui a eu sa première tablette à 18 mois. Sans elle, l’enfant refuse de se mettre à table ou bien de s’endormir, au coucher. En regardant ces petites vidéos, Sofiane a «appris» quelques mots anglais. Pour la plus grande fierté de ses parents. Mais à l’école, il n’y a pas de tablette. À son arrivée en maternelle, son institutrice s’est inquiétée car le petit garçon ne répondait pas à son prénom et regardait dans le vide. Il acceptait difficilement de rester assis à côté de ses camarades. Et sans un adulte à ses côtés pour guider ses gestes, Sofiane ne participait pas à la moindre activité.

«La plupart des enfants qui me sont adressés passent au moins six heures par jour devant des écrans. Certains n’arrivent pas à parler, à encastrer trois cubes ou à tenir leur crayon

Dr Anne-Lise Ducanda, médecin de la PMI de l’Essonne

«Un enfant-écran», résume le Dr Anne-Lise Ducanda, un médecin de la protection maternelle et infantile (PMI) de l’Essonne, un service public de la petite enfance. Avant même de rencontrer Sofiane, elle connaissait déjà son «cas» par cœur. Il faut dire que ce médecin, qui examine chaque année des centaines d’enfants de moins de 5 ans, notamment à la demande des crèches et des écoles maternelles, estime que le nombre de tout-petits avec un profil similaire a explosé ces cinq dernières années. Des enfants qui présentent des retards de développement, des troubles de la relation, du langage et du comportement.


C’est prouvé : les enfants sont effectivement accros aux écrans

« Une personne dépendante aux écrans est plus difficile à guérir qu’un héroïnomane »,

cest-prouve-les-enfants-sont-effectivement-accros-aux-ecrans-1474990532selon le psychiatre Nicholas Kardaras. Je pense en tout cas que l’addiction aux écrans remplit tous les critères cliniques de l’addiction. C’est aussi le cas de la Chinese Health Organization et de nombreux autres pays à travers le monde – les États-Unis sont un peu en retard. Nous n’avons pas de diagnostic « officiel » pour ça, mais cela reste un sujet à étudier. Si les téléphones peuvent constituer une nécessité – parce que soyons honnête, on peut survivre sans téléphone –, ils ne le sont pas pour des enfants.

Je pense simplement que l’on devrait laisser le cerveau des enfants se développer avant de les exposer à ces drogues digitales. J’ai travaillé avec des centaines d’héroïnomanes, et j’estime qu’il est plus facile de les traiter qu’un enfant vraiment accro aux écrans. On interagit avec des écrans tout le temps, ce qui n’est pas tout à fait le cas de l’héroïne. D’après mon expérience, je pense qu’il est important de connaître les potentiels dangers d’une telle addiction avant qu’elle ne se développe, parce que c’est une plaie à traiter.


L’Obs

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Enfants et adolescents vivent « immergés » dans un monde fait d’écrans en tout genre, ce qui n’est pas sans conséquence sur leur développement.

L’Académie américaine de pédiatrie (AAP) s’est penchée sur l’usage des appareils à écrans chez les plus jeunes, et ne cache pas son inquiétude. En résumé :

« Les enfants d’aujourd’hui grandissent immergés dans un monde d’écrans, ce qui a des effets positifs et négatifs sur le développement. »

L’ère des écrans

Les pédiatres rappellent d’abord les constats suivants :

  • Les enfants de moins de 8 ans passent de moins en moins de temps devant la télévision (de 2,24 heures quotidiennes en 2002 à 1,59 heure en 2012), concurrencée par les plateformes de streaming comme YouTube et Netflix.
  • 75% des adolescents possèdent un smartphone, qui leur permet d’accéder à internet, de regarder des vidéos, et d’interagir avec des applis. 91% d’entre eux se connectent depuis des appareils mobiles (téléphone, tablette), si bien qu’un quart des ados est décrit comme « constamment connecté » à internet.
  • 76% des adolescents utilisent au moins un réseau social, et Facebook demeure le plus populaire. Même si 70% d’entre eux disposent d’un « portefeuille de réseaux sociaux », incluant en sus Twitter et Instagram.
  • Quatre foyers sur cinq disposent d’un appareil utilisé pour jouer aux jeux vidéo. Les gamers sont surtout les garçons, 91% disant avoir une console de jeux et 84% jouer à des jeux sur leurs téléphones.

L’AAP profite de ces constats pour souligner que le temps passé sur les écrans ne cesse de croître, et ce dès le plus jeune âge.

Des effets néfastes

  • Obésité

Or, cela augmente le risque d’obésité et affecte le sommeil. L’Académie américaine recommande ainsi de limiter à 2h ou moins le temps « d’activité sédentaire devant un écran ». »L’augmentation des calories assimilées lors de snacks devant la télévision a été pointée comme un risque important d’obésité », souligne l’AAP. « Et avoir une télé dans sa chambre continue d’être associé au risque d’obésité. »

  • Dépression

L’utilisation des réseaux sociaux augmente aussi les risques de dépression, en particulier chez les adolescents qui les utilisent de manière passive (c’est-à-dire qu’ils regardent les photos des autres sans interagir ou en publier eux-mêmes).

  • Troubles du sommeil

Au-delà, l’Académie pointe une augmentation des troubles du sommeil chez ceux qui dorment avec leurs téléphones. Générée par les diodes électroluminescentes (LED), la lumière de l’écran active 100 fois plus les récepteurs photosensibles de la rétine que la lumière blanche d’une lampe. Du coup, même avec une luminosité faible, l’écran du portable tient éveillé, retardant l’horloge interne et impactant la qualité du sommeil. « L’exposition à la lumière (en particulier la lumière bleue) et l’activité sur écrans avant de dormir affectent les niveaux de mélatonine et peut retarder ou perturber le sommeil », affirme-t-elle.

  • Échec scolaire

L’Académie pointe également l’effet « négatif sur les résultats scolaires« . D’autant que les pédiatres américains ont remarqué que « de nombreux enfants et adolescents utilisent des médias de divertissement en même temps qu’ils réalisent d’autres activités, comme les devoirs ».

  • Exposition précoce à l’alcool, au tabac et au sexe

Pis, l’AAP lie cette exposition croissante aux médias à un rajeunissement des initiations à l’alcool, au tabac et au sexe. A l’appui de cet argument, une étude anglo-saxonne a montré que les principales marques d’alcool ont renforcé leurs présences sur Facebook, Twitter et YouTube ces dernières années. Et que 12% des 10-19 ans ont déjà envoyé une photo à caractère sexuel à quelqu’un d’autre.

  • Problèmes relationnels

Enfin, les parents sont également pointés du doigt sur leurs usages. L’Académie rapporte qu’un parent qui détourne son attention de son enfant pour regarder son portable aura une moins bonne qualité de relation avec sa progéniture. Si bien que ces distractions auraient des conséquences négatives sur le développement émotionnel et social.

Des temps de déconnexionPour aider les parents, les pédiatres américains proposent un outil en ligne (uniquement en anglais) délivrant des conseils. Voici ce qu’il faut en retenir :

  • Éviter toute utilisation d’écrans pour les enfants de moins de 18 mois, autres que les applications de tchat.
  • Préférer les programmes de haute qualité pour introduire les écrans auprès des enfants de 18 à 24 mois, toujours en les accompagnant pour leur expliquer ce qu’ils voient.
  • Imposer des limites de temps : 1 heure d’écran par jour maximum pour les enfants de 2 à 5 ans, en les accompagnant pour comprendre ce qu’ils regardent, et guère plus au-delà. S’assurer que les écrans ne réduisent pas le sommeil, l’activité physique ou les autres comportements essentiels à la santé.
  • Instaurer des moments et des lieux « sans écran », comme le temps du dîner, de la route en voiture ou la chambre à coucher.
  • Répéter les discussions sur la citoyenneté et la sécurité en ligne, aussi bien sur le respect des autres que la protection de sa vie privée.

Exit donc l’usage de la tablette pour calmer l’enfant et avoir la paix. Adieu aussi le smartphone utilisé toute la nuit par l’ado, désormais assujetti à un « couvre-feu ».

L’AAP met également en garde contre « l’écran passif », c’est-à-dire celui qui reste allumé même si personne ne le regarde.

« L’enfant construit ses repères spatiaux dans les interactions avec l’environnement qui impliquent tous les sens 

, explique au « Monde » le docteur François-Marie Caron, pédiatre et membre de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA).

« Nous n’avons jamais eu autant de demandes de consultation pour des enfants, de plus en plus jeunes, avec des difficultés attentionnelles, des retards de parole-langage, des difficultés d’apprentissage… », souligne de son côté Carole Vanhoutte, orthophoniste et cofondatrice du groupe de réflexion Joue pense parle, au quotidien.

« Ces troubles ont pour la majorité un dénominateur commun : l’exposition précoce et intensive aux écrans. »

DES LIENS ENTRE AUTISME ET PESTICIDES

DES LIENS ENTRE AUTISME ET PESTICIDES RÉVÉLÉS PAR UNE ÉTUDE MENÉE EN CALIFORNIE

Photos Amélie Benoist :

Le HuffPost avec AFP –  le 05/10/2016 :

Une femme enceinte qui vit près d’une ferme utilisant des pesticides a un risque 66% plus élevé d’avoir un enfant autiste, affirment des chercheurs de l’université Davis de Californie, dans une étude publiée le 23 juin 2016.

Cette recherche publiée dans le journal Environmental Health Perspectives examine les liens entre le fait de vivre près d’un lieu où sont utilisés des pesticides et les naissances d’enfants autistes. Mais elle n’en déduit pas une relation de cause à effet.

La loi en Californie requérant de préciser les types de pesticides pulvérisés, où, quand et dans quelles quantités, les chercheurs ont confronté ces données avec les adresses de 1000 personnes participant à une étude sur les familles avec des enfants autistes.

« Nous avons regardé où nos participants à l’étude vivaient pendant leur grossesse et au moment de la naissance« , a expliqué l’un des auteurs Irva Hertz-Picciotto, vice-présidente du département de Sciences et de Santé publique à l’université Davis de Californie. « Nous avons constaté que plusieurs types de pesticides ont été plus couramment utilisés près des habitations où les enfants ont développé le syndrome de l’autisme ou ont eu des retards » de développement.

Environ un tiers des participants à l’étude vivaient dans un rayon de 1,25 à 1,75 kilomètre de l’endroit où les pesticides ont été utilisés. Les chercheurs ont aussi découvert que les risques d’autisme étaient d’autant plus élevés que le contact avec les pesticides se faisait au deuxième et au troisième trimestre de la grossesse. Le développement du cerveau du fœtus pourrait être particulièrement sensible aux pesticides, selon les auteurs de cette étude.

« Cette étude valide les résultats d’une recherche précédente qui avait constaté des liens entre le fait d’avoir un enfant autiste et l’exposition, pendant la grossesse, à des produits chimiques de l’agriculture en Californie« , a précisé Janie Shelton, diplômé de l’université Davis et principal auteur de l’étude.

« Même si nous devons encore regarder si certains sous-groupes sont plus sensibles aux expositions de pesticides que d’autres, le message est très clair: les femmes enceintes doivent faire attention à éviter tout contact avec les produits chimiques de l’agriculture ».

L’autisme est une maladie du développement dont l’incidence a fortement augmenté ces dernières décennies aux États-Unis, touchant un enfant sur 68 en 2010, au lieu de un enfant sur 150 en 2000.

DES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS RETROUVÉS DANS LES CHEVEUX D’ENFANTS

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Le Monde.fr avec AFP | 20.04.2017 :

Selon « 60 Millions de consommateurs », les jeunes Français sont « tous contaminés » par ces substances toxiques présentant un risque pour le développement et la fertilité.

Des traces de dizaines de perturbateurs endocriniens comme le bisphénol A, des phtalates, ou des pesticides se retrouvent dans les cheveux d’enfants de 10 à 15 ans, affirme le magazine 60 Millions de consommateurs, qui publie, jeudi 20 avril, une étude sur ces produits toxiques et appelle autorités et consommateurs à réagir.

L’association de consommateurs a fait analyser par un laboratoire indépendant une mèche de cheveux d’un panel de 43 enfants et adolescents de 10 à 15 ans, habitant « sur tout le territoire » français, tant en ville qu’en milieu rural, pour y rechercher 254 substances « répertoriées comme des perturbateurs endocriniens potentiels ou avérés ».

Les résultats montrent que des polluants ont été détectés dans les cheveux de tous les jeunes participants : 23 à 54 molécules ont été retrouvées selon les enfants (34 en moyenne). Des résultats qui « suggèrent fortement » que les petits Français sont « tous contaminés », s’alarme le magazine.

Les perturbateurs endocriniens (PE) sont des substances présentes dans de nombreux produits du quotidien (cosmétiques, jouets, peintures, contenants alimentaires…), qui perturbent le système hormonal et peuvent générer maladies et anomalies.

Parmi les sept grandes familles de polluants recherchées, des phtalates et des pesticides étaient présents dans tous les échantillons analysés, tandis que bisphénols, PCB, hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), métaux lourds et retardateurs de flamme bromés (PBDE) ont été retrouvés chez une partie des enfants.

Du bisphénol A au bisphénol S

Le bisphénol A, PE avéré, n’a été retrouvé que dans 20 % des échantillons, preuve de « l’efficacité » de son interdiction en France dans tous les contenant alimentaires depuis 2015, selon 60 Millions de consommateurs. En revanche, le bisphénol S, utilisé en substitution, était présent dans 98 % des échantillons, une « mauvaise nouvelle » pour l’association, car il est « fortement suspecté » d’avoir les mêmes effets sur la santé que son prédécesseur.

« Aux très hautes autorités d’arrêter de jouer les poules mouillées et d’imposer des règles. (…) Et rappelons que la meilleure pression vient des consommateurs, capables de refuser d’acheter des produits non vertueux », lance la rédactrice en chef du magazine, Sylvie Metzelard, dans son éditorial, évoquant les risques de ces substances pour le développement et la fertilité.

60 Millions souligne aussi la présence chez plus de 70 % des enfants de HAP, des substances issues de la combustion classées PE potentiels et, pour certaines, cancérigènes possibles.

Autre point inquiétant, la persistance dans les analyses de PCB, retrouvés chez tous les enfants sauf un, alors qu’ils sont interdits en France depuis… 1987.

En février, l’ONG Générations futures avait mené un test semblable sur sept personnalités écologistes, montrant que leurs cheveux renfermaient tous de nombreux PE (de 36 à 68 par personne).

L’agence nationale de santé publique avait mis en évidence en décembre la présence de traces de PE chez quasiment toutes les femmes enceintes dans un panel de plus de 4 000 personnes. L’Union européenne peine actuellement à se mettre d’accord sur une définition des PE qui permettrait de prendre des mesures réglementaires pour limiter leur impact sur la santé.

«LA PRIORITÉ EST DE PROTÉGER LES ENFANTS DE LA PUBLICITÉ»

Le Figaro – le 25/03/2017

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INTERVIEW – A l’occasion de la Journée antipub, le sénateur EELV André Gattolin, auteur de la loi sur la suppression de la publicité dans les programmes jeunesse, revient sur les enjeux du contrôle de la publicité en France.

LE FIGARO. – La France est-elle en avance ou en retard par rapport aux autres pays en matière de contrôle de la publicité?

ANDRE GATTOLIN* : Globalement la France était plutôt en retard. Mais depuis le vote de la loi pour l’interdiction de la publicité pour enfants sur le service public, elle a rejoint le milieu du peloton. Les pays les moins régulateurs sont les pays de l’Est et du sud (hormis l’Espagne qui a interdit la publicité dans les programmes jeunesse). Les pays nordiques sont en avance. L’Islande par exemple a interdit depuis 2011 toute publicité à destination des enfants.

Il y a eu une période de fort mouvement antipublictaire au milieu des années 2000, avec une véritable publiphobie, et des sondages qui donnaient des Français à plus de 50% opposés à la publicité. Ces dernières années, on observe un recul. Ainsi un amendement de la loi Macron a permis le retour des grands panneaux publicitaires aux alentours des grands stades. Dernièrement, on a pu proposer de revenir sur la suppression de la publicité après 20h sur le service public. Il y a un phénomène de dérégulation généralisée imposé par l’explosion de médias numériques, souvent gratuits, qui ont besoin de la publicité pour se financer.

» Qui sont les acteurs du mouvement antipub en France?

Vous avez témoigné au procès d’un «déboulonneuse» à Lille, jugée pour avoir tagué un panneau publicitaire. Approuvez-vous la «désobéissance civile» du mouvement antipub?

Je ne soutiens pas la nature de l’acte. Mais je comprends cette manifestation de désobéissance civile, face à l’inertie des pouvoirs publics. L’opinion n’est pas à convaincre: les gens sont en majorité contre l’invasion publicitaire! Mais en France, toute tentative de réguler la publicité se heurte à des obstacles majeurs, organisés par les lobbies. J’ai mis cinq ans à faire passer ma loi sur la suppression de la publicité à destination de la jeunesse sur le service public, contre l’avis du gouvernement! En 2008 Roselyne Bachelot avait échoué à faire interdire la publicité pour les produits gras et sucrés, mettant finalement en place une autorégulation inefficace.

Pourquoi faut-il lutter selon vous contre l’invasion publicitaire?

La lutte contre l’invasion publicitaire est une question sanitaire. Tous les rapports montrent un développement grandissant de l’obésité infantile et son lien direct avec la publicité. C’est aussi une question morale. La publicité vise moins à inciter le consommateur qu’à créer un système d’envie vis-à-vis de celui qui possède. On produit des comportements déviants en suscitant des frustrations à l’intérieur même des familles. La publicité véhicule des valeurs morales qui ne permettent pas la construction d’une société.

Enfin, c’est une question esthétique. Les espaces périurbains sont totalement dévastés par la publicité, et il faut souligner ici le travail remarquable de l’association Paysages de France, qui lutte contre l’affichage illégal.

Quelle est selon vous la priorité?

Je pense que la priorité est de protéger les enfants qui sont de véritables éponges, et ont une mémorisation des marques trois fois supérieure aux adultes. Les annonceurs visent un public de plus en plus jeune, pour les drainer vers les marques, selon un effet «Madeleine de Proust». Il faut créer des espaces alternatifs, des sanctuaires, et à terme supprimer la publicité sur le service public. Ensuite, je crois que l’enjeu majeur des prochaines années concerne la protection des données, avec désormais des publicités de plus en plus intrusives notamment sur les réseaux sociaux fondés sur la collecte de données.

La lutte contre la publicité est-elle un combat transpartisan?

La lutte contre la publicité est d’intérêt général. Quand j’ai fait voter ma loi au Sénat, Bruno Retailleau m’a suivi avec le groupe Les Républicains. Quiconque s’est retrouvé une fois au supermarché à devoir répondre aux caprices d’enfants dictés par la publicité est sensible à la nécessité d’une régulation. C’est un sujet concret et quotidien qui met tout le monde d’accord.

*André Gattolin est sénateur EELV des Hauts-de-Seine. Il est très impliqué dans la lutte contre l’invasion publicitaire, notamment à destination des enfants. Il est l’auteur notamment de la loi sur la suppression de la publicité dans les programmes jeunesse de la télévision publique, votée en décembre dernier.

LES PERTURBATEURS ENDOCRINIENS, UNE MENACE POUR LE DÉVELOPPEMENT DU CERVEAU

LE MONDE | 07.03.2017 :

Omniprésents, les perturbateurs endocriniens, cette famille de molécules chimiques, altère l’équilibre subtil du système hormonal, chef d’orchestre de la construction des tissus cérébraux.

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Bisphénol A (BPA), phtalates, retardateurs de flamme bromés (BFRs), perchlorates, pesticides… les perturbateurs endocriniens se cachent dans les vêtements, les meubles, les emballages, les contenants alimentaires, la poussière et même les aliments (par le biais de résidus de pesticides). Selon la communauté scientifique compétente, nous sommes exposés à des doses variables de centaines de ces substances chimiques dans notre vie quotidienne.

De nombreuses études attestent déjà de la dangerosité de certaines de ces molécules sur la santé, car elles seraient à l’origine de cancers, de malformations congénitales, d’obésité et de diabète, mais également de troubles de développement (autisme, hyperactivité, diminution du quotient intellectuel). De nouveaux travaux, toujours plus nourris, complètent ce tableau en montrant leurs effets délétères sur le développement du cerveau.

Les scientifiques du CNRS ont constitué un mélange de 15 substances de synthèse présentes dans un panel de produits de la vie courante. Les ingrédients du mélange comprennent notamment le BPA, le triclosan, le benzophénone-3 et le perchlorate de sodium. « Des études précédentes ont testé les effets de certaines molécules individuellement, mais la particularité du projet repose sur cette combinaison de substances », explique Barbara Demeneix, endocrinologue au CNRS et coauteure de l’étude. Des embryons de grenouilles de l’espèce Xenopus laevis ont été exposés pendant trois jours à ce cocktail chimique et à des concentrations comparables à celles couramment mesurées dans le liquide amniotique humain. Le fœtus baigne dans ce dernier lors de la grossesse et peut être indirectement exposé à des substances toxiques.

L’âge des embryons a été sélectionné selon le début du fonctionnement de la glande thyroïde qui libère les hormones thyroïdiennes, essentielles au bon développement cérébral. Par analogie avec l’humain, la période d’exposition de l’expérience correspond au moment ou seule l’hormone thyroïdienne de la mère est présente.

Résultats de l’étude : malgré l’exposition sur une durée restreinte, les impacts sur le développement du cerveau des têtards sont multiples. En effet, le cocktail de substances appliquées affecte le fonctionnement de leurs hormones thyroïdiennes, modifie l’expression de plusieurs gènes qui participent à la construction cérébrale. Le résultat est une réduction du volume des neurones, accompagnée d’une baisse de la mobilité des têtards. La fonction des hormones thyroïdiennes étant présente chez l’ensemble des vertébrés, écrivent les auteurs, « ces résultats suggèrent que les mélanges de telles substances chimiques, omniprésentes, pourraient exercer des effets négatifs sur le développement du fœtus humain ».

Cerveaux d’embryons de xénope (1 semaine post fécondation), traités (B) ou non (A) avec le mélange de 15 produits chimiques à des concentrations trouvées dans le liquide amniotique humain. Résultat : le traitement a provoqué une diminution du volume des neurones (marqués en rouge)

Les auteurs du rapport de CHEM Trust rappellent qu’avec ses 85 milliards de neurones, le cerveau est un organe extrêmement complexe. Son développement subtil et élaboré, s’effectue tout au long de la vie. Mais les premiers stades de développement, du fœtus à l’adolescence, connaissent des modifications rapides et présentent une grande sensibilité aux produits chimiques toxiques.

Lors de ce processus, une perturbation des hormones thyroïdiennes peut entraîner des répercussions importantes, telles que la réduction du quotient intellectuel ou l’apparition de troubles du spectre autistique (autisme, syndrome d’Asperger, syndrome de Rett, etc.). Lorsque l’exposition a lieu après la naissance, les risques associés sont généralement une baisse de motricité et de concentration, en fonction du type de molécule et des caractéristiques de l’exposition (durée, intensité).

Aussi « le phénomène d’exposition aux produits chimiques auquel nous assistons est un problème de santé public majeur et une menace pour l’intelligence », souligne le professeur Philippe Grandjean (université du Danemark du Sud-université de Harvard), contributeur du rapport de CHEM Trust.

À travers le 7e programme d’action pour l’environnement (PAE), pour la période 2013-2020, l’Union européenne affiche sa volonté de réduire la présence des substances toxiques dans l’environnement. Pour autant, la mise en place d’une réglementation appliquée aux perturbateurs endocriniens n’est toujours pas en vue. Celle-ci aurait dû voir le jour en 2013 au plus tard et Bruxelles a été condamnée par la Cour de justice de l’Union européenne, en décembre 2015, pour carence dans la gestion de ce dossier.

Bruxelles n’est toujours pas sortie de l’ornière. Tout récemment, l’exécutif européen a renoncé à présenter au vote les critères d’identification des perturbateurs endocriniens, en vue de les interdire. Selon le professeur Michael Warhurst, directeur général de CHEM Trust, la réglementation doit être plus stricte : « Le développement du cerveau des futures générations est un enjeu principal. Nous avons besoin de régulateurs européens pour éliminer des groupes de produits chimiques, plutôt que restreindre lentement les produits. Nous ne pouvons continuer à jouer avec la santé de nos enfants ».

UN LIEN POSSIBLE ENTRE INSECTICIDES ET TROUBLES DU COMPORTEMENT CHEZ L’ENFANT

Le Figaro – le

Une étude suggère que l’exposition l’environnementale aux pyréthrinoïdes pourrait avoir des conséquences sur le développement comportemental des enfants.

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Les pyréthrinoïdes sont des insecticides chimiques synthétiques dont la structure mime celle des pyréthrines, des insecticides naturels issus des fleurs de chrysanthèmes. On les retrouve dans plus de 3500 produits utilisés en hygiène publique (dératisation, désinsectisation…), domestique (shampoings antipoux, sprays et crèmes répulsifs), en pharmacie et en médecine vétérinaire et surtout, en agriculture. Depuis une quarantaine d’années, les pyréthrinoïdes ont peu à peu remplacé les insecticides organophosphorés, puisqu’ils présentent une toxicité moindre pour les oiseaux et les mammifères, ainsi qu’une plus grande efficacité sur leurs cibles. Les uns comme les autres sont des neurotoxiques: ils tuent les insectes en détruisant leur système nerveux.

Pour la première fois en France, une équipe du département d’épidémiologie et de santé publique du CHU de Rennes-Inserm s’est intéressée à l’impact potentiel d’une exposition fœtale et quotidienne à ces insecticides sur le comportement d’enfants âgés de 6 ans. Les résultats, publiés le 1er mars dans la revue Occupational and environmental medicine, semblent établir un lien entre les concentrations urinaires de ces insecticides et les troubles du comportement.

Les scientifiques restent cependant très prudents: «notre étude ne prouve absolument pas que les pyréthrinoïdes sont à l’origine de ces troubles du comportement, met en garde Jean-François Viel, professeur d’épidémiologie et de santé publique à l’université de Rennes et principal auteur. Pour le moment, nous n’avons que des présomptions, nous n’en sommes qu’au début». Si les chercheurs sont parvenus à établir une association entre insecticides et difficultés comportementales, cela ne signifie pas pour autant que les premiers sont à l’origine de celles-ci!

Une association incertaine

Au total, 287 femmes ayant accouché entre 2002 et 2006 en Bretagne ont participé à l’étude. Les concentrations en pyréthrinoïdes – ou plus précisément celles de cinq composants résultant de la dégradation de ces substances dans l’organisme – ont été mesurées dans leurs urines en début de grossesse (entre la 6eme et la 19eme semaine de gestation), et plus tard dans celles de leurs enfants âgés de 6 ans. Au début de leur inclusion dans l’étude, les participantes ont complété un questionnaire sur leurs conditions socio-économiques, leur régime alimentaire et leur mode de vie. Le comportement des enfants a été évalué à l’aide d’un test comprenant 25 questions. Les enfants avec le score le plus élevé étaient les plus susceptibles d’avoir des problèmes de comportement: hyperactivité, agressivité,…

D’autres facteurs susceptibles d’influer sur le développement neurocomportemental des enfants (les facteurs «confondants») ont également été évalués: tabagisme passif, niveau d’éducation de la mère, consommation excessive de poisson au cours de la grossesse (susceptible de contenir des métaux lourds), temps de sommeil, temps passé devant la télévision ou à jouer aux jeux vidéo et enfin, la pratique d’activités sportives.

Malgré ces précautions, l’étude présente une limite de taille: les pyréthrinoïdes sont très rapidement métabolisés par l’organisme. En conséquence, ils ne sont détectables que dans les jours suivants l’exposition. Les concentrations relevées dans les échantillons d’urine ne sont donc en aucun cas représentatives de l’exposition moyenne à long terme. La force statistique des associations découvertes est donc à relativiser.

Des mécanismes mal connus

«Plusieurs mécanismes pourraient être en jeu dans l’association entre les insecticides pyréthrinoïdes et les troubles du comportement chez l’enfant», écrivent les auteurs de l’étude. «L’augmentation du flux de sodium induite par ces substances pourrait affecter la plasticité neuronale (…). De plus, l’exposition à ces insecticides pourrait induire des altérations des fonctions de la dopamine et influencer la micro-anatomie du cerveau, de même que sa neurochimie.»

En 2015, la même équipe avait évalué l’impact des pyréthrinoïdes sur les performances cognitives des enfants. Résultat, si le degré d’exposition aux pyréthrinoïdes pendant la grossesse ne laissait pas présager des performances cognitives de l’enfant, un contact élevé avec ces produits durant les premières années de vie semblait en revanche réduire la capacité de l’enfant à se concentrer ou à acquérir de nouvelles connaissances.

Jusqu’à maintenant, seule une étude menée par le département de santé environnementale de l’université de Montréal (Canada) en 2013 avait évalué l’impact des pyréthrinoïdes sur le développement comportemental des enfants. Bien qu’une méthodologie différente ait été utilisée, les résultats montraient également l’existence d’une association. Du côté français, les chercheurs comptent poursuivent leurs travaux. «Nous souhaitons désormais évaluer l’impact de ces insecticides sur le développement pubertaire des enfants que nous suivons», rapporte le Pr Jean-François Viel.

Selon un rapport de l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) daté de 2010, l’inhalation ne constitue par, a priori, la voie d’exposition principale aux pyréthrinoïdes. L’exposition par voie orale, et notamment par l’ingestion d’aliments contaminés, est vraisemblablement la voie majeure d’exposition à ces molécules.

PESTICIDES: MESURES DE PRÉCAUTION APRÈS NEUF CAS DE CANCERS EN GIRONDE

LE FIGARO – 11/09/2015

4227380456La petite ville de Preignac connaît un taux de cancer infantile six fois supérieur à la moyenne nationale. Les pesticides répandus sur une parcelle de vigne située juste à côté de l’école sont pointés du doigt.

Aérer les salles de classe et installer des haies de protection. C’est ce que recommande un rapport de l’agence régionale de santé Aquitaine (ARS) et de l’Institut de veille sanitaire après le recensement de neuf cas de cancers pédiatriques entre 1990 et 2012 à Preignac et dans neuf autres communes limitrophes de Gironde.

En décembre 2012, c’est l’ancien maire de la commune Jean-Pierre Monceau qui alerte les autorités. Quatre enfants de sa commune souffrent d’un cancer. Une parcelle de vigne jouxte l’école. L’ancien maire pointe alors directement l’épandage de pesticides: «Depuis le début de mon mandat (ndlr: en 2008 ), je n’ai de cesse d’intervenir auprès des viticulteurs propriétaires de parcelles contigües à l’école primaire afin que soit proscrit tout sulfatage et autre traitement de la vigne à l’aide de pesticides pendant les heures de récréation», explique Jean-Pierre Monceau au Parisien.

Une détermination qui a du sens au vu du rapport sanitaire rendu cet été: «Si l’on ne retient que les cancers pouvant être liés à une exposition aux pesticides, on observe 3 cas de cancer à Preignac contre 0,5 attendu». Un taux six fois supérieur à la moyenne nationale. Dans les communes alentours, le taux de cancers pédiatriques est lui supérieur de 66 %. Au total, neuf cas pour 2.595 enfants entre 1990 et 2012. La conclusion du rapport est pourtant nuancée: aucun moyen de savoir si «l’excès est lié à une fluctuation aléatoire des maladies» ou s’il est «véritablement lié à un facteur environnemental commun».

Des études inquiétantes

En Gironde, ce n’est pas la première fois que les pesticides viennent semer le trouble aux heures de classe. En juin 2014, un arrêté préfectoral avait même interdit l’épandage à proximité des écoles pendant la classe après l’intoxication de plusieurs élèves de l’école de Villeneuve, en Haute-Gironde, à la suite d’un épandage dans les vignes situées à proximité.

Dès 2013, une étude de l’Inserm se penchait sur les conséquences des polluants pour le voisinage: «Les expositions aux pesticides intervenant au cours de la période prénatale et périnatale ainsi que la petite enfance semblent être particulièrement à risque pour le développement de l’enfant». Les pesticides pourraient donc représenter un danger potentiel pour les 300 enfants de l’école maternelle et primaire de Preignac. Plus inquiétant encore, une étude de l’Airaq, organisme de mesure des polluants atmosphériques, constate en 2011 la présence de Folpel en Gironde. Un fongicide classé «cancérogène probable pour l’homme» aux États-Unis.

Pour tenter de prévenir le risque potentiel, Jean-Gilbert Bapsalle, maire de la ville depuis mars 2014, compte suivre les recommandations du rapport: «La commune compte racheter la parcelle de vignes proche de l’école». «A la place, nous agrandirons la cour de récréation et le parking de l’école», précise l’édile. Débuté en 2012, le suivi épidémiologique de l’InVS prendra pourtant fin en décembre 2015.

Même hors des cours d’école, les pesticides pourraient toutefois rester dans le viseur des autorités de santé. Ce jeudi, Monsanto, géant américain des pesticides a été condamné pour l’intoxication d’un agriculteur avec une herbicide.