𝐁𝐞́𝐚𝐫𝐧 𝐓𝐨𝐭𝐚𝐥 : Comment les anciens ou salariés de chez 𝐓𝐨𝐭𝐚𝐥𝐄𝐧𝐞𝐫𝐠𝐢𝐞𝐬 irriguent le tissu associatif

Sud-Ouest – le 28/10/2023 :

Michel Javault est président d’Habitat et Humanisme depuis juin 2022. Des fonctions qu’il occupait seulement six mois après la prise de sa retraite de chez TotalEnergies. © Crédit photo : Quentin Top/ « Sud Ouest »

Nombre de retraités du groupe TotalEnergies occupent des postes à responsabilité dans le monde associatif béarnais. Mais l’entreprise offre également du temps de travail de ses salariés à plusieurs structures

A tous les étages. On trouve d’actuels ou anciens salariés de TotalEnergies partout dans le monde associatif béarnais. À cela, tout d’abord, une raison évidente : l’entreprise est le plus gros employeur privé du Béarn.

Chez TotalEnergies, Michel Javault œuvrait au consulting interne, avant de devenir aujourd’hui président d’Habitat et Humanisme Pyrénées Adour. « Dans mon activité, j’accompagnais les équipes dans le changement ou pour donner un coup de main sur un projet », situe le retraité de 66 ans. Son poste l’a amené sur des terrains parfois surprenants, à l’instar de l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations au Gabon en 2017 en l’espace de quatre mois seulement. Une compétition dont TotalEnergies est le premier partenaire.

(…)

En politique aussi

En politique aussi, les actuels ou anciens de chez TotalEnergies sont représentés. « Je suis toujours dans les effectifs », souligne Patrice Laurent, maire de Mourenx et président de la Communauté de communes de Lacq Orthez. Celui qui a démarré comme opérateur dans la pétrochimie pour finir à la communication est en effet en congés sans solde depuis dix ans. « Je ne connais pas beaucoup de boîtes qui permettent cela, fait remarquer l’élu de 56 ans. J’ai abordé les dernières élections municipales avec une grande sérénité. Car ce n’était pas un enjeu de vie. »

À POLYTECHNIQUE, LA GREFFE AVEC TOTAL NE PREND PAS

Reporterre – le 28 janvier 2020 :

arton19509-634beEn décembre 2019, les élèves de la prestigieuse École polytechnique ont appris que Total allait délocaliser une partie de sa direction sur le campus. Nombre d’entre eux luttent depuis contre l’installation du groupe pétrolier, qui finance déjà une chaire d’enseignement.

  • Palaiseau (Essonne), reportage

C’est un réveil difficile pour les élèves de l’X, à l’aube de la construction d’un bâtiment du géant pétrolier et gazier Total au pied de leurs résidences et de leurs amphithéâtres. Le bâtiment, dont la construction doit débuter en début 2020, devrait accueillir la direction de la recherche et innovation de l’entreprise ainsi que des laboratoires de recherche, pour un effectif d’environ 250 personnes employées par le groupe. Il se situera à 50 mètres de la cantine de l’École polytechnique, fréquentée par l’ensemble du personnel, des chercheurs, des élèves et des professeurs, ainsi qu’à 200 mètres des logements des élèves.

« Jamais un centre de recherche privé et encore moins une direction d’entreprise entière ne se sont installés à l’intérieur du campus », dénoncent des élèves engagés contre la construction du bâtiment, dans une note récapitulative publiée début janvier 2020. Ils déplorent le manque de communication sur le projet. « C’est seulement en décembre 2019, alors qu’un article est publié dans le journal des élèves par un membre du Bureau des élèves pour présenter le bâtiment, que la majorité des élèves a entendu parler pour la première fois de ce projet. » Pourtant, Patrick Pouyanné, le PDG de Total et ancien élève de Polytechnique, fit officiellement part de son projet dès avril 2018, dans une lettre adressée à la direction de l’École, et celui-ci fut adopté le 21 juin 2018 en conseil d’administration par les administrateurs — dont Patrick Pouyanné fait partie.

« L’entreprise bénéficiera d’un accès privilégié aux élèves d’une école qui a vocation à former des ingénieurs au service de l’intérêt général »

L’entreprise finance également, depuis novembre 2018, une chaire d’enseignement, soit un programme de collaboration entre l’École et les industriels, intitulée « défis technologiques pour une énergie responsable ». La chaire est financée à hauteur de 3,8 millions d’euros par Total et concerne deux domaines de recherches : les matériaux et systèmes de stockage et les microréseaux intelligents. Et le programme comporte deux aspects : la recherche et l’enseignement, via des cours spécifiques dispensés à des étudiants. « Cette chaire est en principe un sujet distinct du bâtiment. Elle ne peut pourtant pas être détachée du dossier pour plusieurs raisons. Elle a été négociée en même temps que le bâtiment et elle est un autre élément de la présence de Total à l’École polytechnique », explique la note récapitulative des élèves.

La résidence des élèves de Polytechnique.

De nombreux élèves de l’X se sont exprimés contre la construction du nouveau bâtiment. Un vote sur la position des élèves vis-à-vis du projet a été organisé par le bureau des élèves en décembre. Rassemblant 70 % de participation, il a recueilli 61 % de voix contre et 20 % de voix pour. « Une telle proximité de Total pose des questions. L’entreprise bénéficiera d’un accès privilégié aux élèves d’une école qui a vocation à former des ingénieurs au service de l’intérêt général. Alors que les élèves auront leur rôle à jouer dans la politique énergétique française, en tant qu’ingénieur, conseiller ou décideur, l’influence directe et assumée de Total peut inquiéter », estiment-ils dans leur note.

Charles [*], un ancien élève de l’école qui continue de suivre ces questions, dit à Reporterre : « Ce projet représente une étape de plus dans le lobbying de Total auprès des écoles d’ingénieurs. Rien d’étonnant lorsque l’on sait que Total a beaucoup de mal à embaucher des cadres à cause de sa responsabilité dans le changement climatique. Ma lecture des choses, c’est que Total mène une opération de recrutement. » Par exemple, l’entreprise pourrait « profiter d’une forme d’inertie lorsque les élèves voudront chercher des stages : en chemin vers leur résidence, ils tomberont nez à nez avec le bâtiment ».

Un point de vue que partage Renan [*], un élève actuel de l’X qui se mobilise également contre la construction du bâtiment : « S’ils s’installent là, ce n’est pas anodin. Ils ne viennent pas pour jouer aux cartes — ils viennent là pour faire du lobbying. » Nombre d’élèves actuels ne semblent pourtant pas prêts à se laisser séduire par l’entreprise. Gaspard [*] ne pourrait « clairement pas y travailler à l’avenir. Total ne fait pas partie des acteurs de demain ». Alexandre [*], quant à lui, compte plutôt travailler dans la fonction publique. « Une entreprise comme Total me dérangerait en matière de valeurs », confie-t-il à Reporterre.

« Polytechnique ne peut pas prétendre former ses étudiant.es à construire le futur, tout en ouvrant grand les portes à un acteur qui ne leur en réserve aucun »

Pour Renan, « c’est très étonnant de voir la rétention d’information de l’administration. On n’a jamais eu de clarification concernant la différence entre la chaire et le bâtiment. J’émets énormément de réserves sur le fait qu’ils ne nous disent rien. Ça été communiqué sur le site… Mais qui, à l’X, va sur le site ? »

Malgré la mobilisation tardive, Renan est « heureux de pouvoir débattre des projets ». Pour lui, il faut continuer la mobilisation, « pour que toutes les personnes concernées sachent ce qui est en train de se passer. L’essentiel est de diffuser au sujet de ce problème, qui est plus général et qui s’applique aux autres grandes écoles ».

Le plan de l’École polytechnique et l’emplacement du futur bâtiment de Total.

Le 22 janvier 2020, l’ONG 350.org a soutenu la mobilisation en publiant une pétition sur son site. Signée par près de 6.000 personnes en l’espace de quelques jours, elle soutient la mobilisation des polytechniciens contre le bâtiment et élargit leur dénonciation à « tous les liens [de l’école] avec le géant Total ». Ses demandes : « L’abandon total » du projet de construction du bâtiment, « la suspension de Patrick Pouyanné, PDG de Total, du conseil d’administration de Polytechnique » ainsi que « la fin de la chaire d’enseignement et de recherche que Total a négociée dans la foulée en 2018  ».

« Polytechnique ne peut pas prétendre former ses étudiant.es à construire le futur, tout en ouvrant grand les portes à un acteur qui ne leur en réserve aucun. […] Nous refusons que Polytechnique soit instrumentalisée à ces fins alors que la dynamique pour contrer l’influence de cette industrie n’a jamais été aussi forte, en témoigne la moitié des universités ayant coupé leurs liens avec l’industrie fossile au Royaume-Uni ou les 1.150 autres institutions à travers le monde », explique l’ONG.

Pour Raphaël de Rasilly, le directeur de la communication adjoint de l’École polytechnique, rencontré par Reporterre sur le campus, « on n’est pas dans le même temps que les élèves ». Ces derniers se sont manifestés en décembre 2019, alors que la décision a été prise en conseil d’administration en début 2018, lorsque « des représentants d’association [responsables des relations extérieures du Bureau des élèves et membres de l’association Développement durable] se sont exprimés et la décision a été prise de manière transparente, à l’unanimité ».

 « On ne veut pas être frontal avec les élèves et continuer les discussions »

Cet écart temporel s’expliquerait à la fois, selon Raphaël de Rasilly, par la « transmission d’année en année du flambeau des associations », dont la promotion de l’année 2018 n’aurait pas fait un compte rendu dans le journal, mais aussi du fait que le changement climatique « n’était pas un sujet à ce moment-là ». Selon lui, « 2019 a été une année de forte mobilisation pour le climat, après la publication du Manifeste étudiant pour un réveil écologique également signé par des élèves de l’X. Les élèves se sont davantage engagés sur la question climatique, ce qui fait que lorsqu’ils ont pris connaissance en décembre des projets de Total, dans un article du journal, ça les a réveillés — ce qui nous a pris un peu de court », admet-il.

Pour Phillipe Drobinski, qui porte et coordonne la chaire d’éducation financée par Total, « on n’a pas d’autre choix » que de travailler avec les industriels. « Face à l’urgence climatique, les interactions entre chercheurs et industriels sont importantes. On doit travailler avec tout le monde. » Selon le climatologue, « la recherche doit participer à la décarbonation avec l’ensemble des acteurs — ça serait assassin de ne pas travailler avec ces compagnies, alors que l’horloge tourne ».

La maquette du bâtiment que Total doit construire sur le campus.

« La réaction des élèves est légitime, c’est important qu’ils interpellent. Je ne peux que cautionner ça — c’est un bon signe », estime le professeur. En revanche, il déplore « une posture idéologique qui freine les processus de transformation. C’est un âge où on voit les choses de manière plus antagoniste », estime-t-il. Son programme, au contraire, lui semble découler d’une « approche plus pragmatique, alimentée par des analyses objectives de la réalité des choses ».

La suite du projet reste incertaine. « On ne veut pas être frontal avec les élèves et continuer les discussions », affirme Raphaël de Rasilly, qui veut croire qu’« il n’y a pas de guerre entre les élèves et l’administration ». Cependant, il ne peut pas garantir de marge de négociation quant à la construction ou non du bâtiment de Total : « Je pense qu’il va se réaliser. » Le bâtiment est prévu pour ce début d’année 2020, mais « avec les délais de chantier, les travaux peuvent aussi bien commencer dans six mois ». Le temps pour les Polytechniciens d’empêcher le passage en douce de Total au cœur de leur université ?


Reportage Arte :


MARCHER POUR LE CLIMAT, OUI, MAIS : DANS QUELLE DIRECTION ? AVEC QUI ? ET POUR QUI ?

TOTAL mise sur le captage et le stockage du CO2 (Encore et toujours)

Nous rappelons ici que le stockage de co2 n’est en rien une solution au réchauffement climatique. Voir explication : site Stop Stockage co2

Avec pour rappel le stockage de Jurançon : Voir lien

1707371_1506103061_1049294-1430993560-total-8Les Échos – le 09/07/2019 :

Le pétrolier français lance un programme de R&D de 40 millions d’euros avec l’IFP Energies nouvelles. Le captage et le stockage du dioxyde de carbone sont encore balbutiants et requièrent des subventions publiques. La filière est considérée comme indispensable pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. (Ce qui est faux, bien sûr : Les solutions ne sont pas dans les technologies, ni dans les marchés carbones). 

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Sur 28 milliards de dollars d’investissements dans le captage du CO2 annoncés par les États et les entreprises, seuls 15 % ont été effectivement dépensés à ce jour, pointe l’Agence internationale de l’énergie.

Total va miser 40 millions d’euros de plus sur une filière indispensable au respect de l’Accord de Paris, (?????????) celle du  captage et du stockage du CO2 . Le pétrolier français annonce un partenariat de recherche et développement avec l’IFP Energies nouvelles, l’ancien Institut français du pétrole. (Quelle pirouette sémantique ! « Energies nouvelles », un beau Greenwashing pour pas cher…) Le programme porte sur une durée de cinq ans et « vise à réduire le coût des infrastructures et à améliorer l’efficacité énergétique de la chaîne afin d’assurer son développement à grande échelle », explique Catherine Rivière, en charge de ces questions au sein de l’organisme public.

Le captage du CO2 est encore balbutiant. Un peu plus de 30 millions de tonnes sont collectées chaque année dans le monde auprès des gros émetteurs de dioxyde de carbone comme les compagnies productrices de gaz et de pétrole,  le secteur de l’énergie dans son ensemble,  la sidérurgie, l’industrie du ciment ou encore la chimie, relève l’Agence internationale de l’énergie (AIE). L’agence prévoit une montée en puissance rapide pour atteindre 2,3 milliards de tonnes captées et stockées d’ici à 2040.

Des projets subventionnés   (Quelle honte…)

Dans ce scénario, qui serait en ligne avec l’Accord de Paris sur le climat, le captage et le stockage de CO2 représenteraient 7 % des réductions d’émissions de gaz à effet de serre à cet horizon. « C’est un élément indispensable ( ????) pour tenir les objectifs de réchauffement », explique Samantha McCulloch, analyste à l’AIE.

Les initiatives se multiplient mais elles restent encore peu nombreuses et sont en général largement subventionnées faute de rentabilité. (On croit rêver…) Ainsi la Norvège finance-t-elle un projet de grande envergure piloté par la compagnie pétrolière nationale Equinor grâce à une taxe sur l’exploitation pétrolière offshore. Le CO2 sera capté sur deux sites de la région d’Oslo, une cimenterie et une unité de valorisation des déchets, puis transporté par pipeline et injecté dans des puits sous-marins au fond de la mer du Nord. ( Elle est pas belle l’écologie ?!!)

Mettre en place une filière industrielle

(Vive le business… mais pas l’écologie) Hormis quelques projets emblématiques de ce type, les investissements peinent à démarrer. Sur 28 milliards de dollars annoncés par les Etats et les entreprises, seuls 15 % ont été effectivement dépensés à ce jour, pointe l’AIE. L’une des raisons est le coût du captage, qui varie beaucoup selon les projets. Il peut plafonner à 15 euros par tonne de CO2 captée dans une centrale à gaz et atteindre jusqu’à 100 euros la tonne sur un site sidérurgique et même 120 euros dans une cimenterie.

C’est pourquoi le programme de recherche de Total et de l’IFPEN met l’accent sur la réduction des coûts. « La technologie est encore trop chère et consomme trop d’énergie, explique Marie-Noëlle Semeria, directrice de R&D au sein du groupe pétrolier. Il faut mettre en place une véritable filière industrielle si l’on veut obtenir des économies d’échelle »« Des progrès sont nécessaires également dans l’évaluation des capacités de stockage et leur surveillance », ajoute Catherine Rivière. Au lieu d’être stocké, le CO2 peut aussi être utilisé, notamment pour améliorer la productivité des puits de pétrole -c’est le cas au Texas – (pour mieux récupérer en réalité le pétrole restant au fond des puits de gaz) ou encore dans l’industrie alimentaire pour les boissons gazeuses. (PPFFF…)

Crédits d’impôts aux États-Unis

Total et d’autres groupes du secteur de l’énergie demandent la mise en place d’une taxe internationale sur le carbone qui permettrait de rentabiliser l’activité. (Pour qu’ensuite elle leur soit reversée). Aux États-Unis, Donald Trump a augmenté cette année les crédits d’impôts pour favoriser le captage et le stockage du CO2. « Plusieurs projets américains de grande envergure ont été annoncés depuis », relève Samantha McCulloch. Quelque 450 millions de tonnes pourraient être captées et stockées dans le monde avec une subvention de moins de 40 dollars par tonne, estime l’AIE.

OUI A L’URGENCE CLIMATIQUE, NON AUX FAUSSES SOLUTIONS !

Le business des fausses solutions continue à fond. Tout n’étant qu’une histoire d’image et de gros sous ! Merci de bien dissocier et de bien comprendre les problématiques, afin de ne pas cautionner les fausses solutions mises en place par les pollueurs eux-mêmes pour leurs propres profits !

TOTAL ET LE CLIMAT : LES MASQUES TOMBENT

Observatoire des multinationales – le :

arton1370.jpgÀ l’occasion de l’assemblée générale annuelle de Total, le grand écart est plus évident que jamais entre les prétentions du groupe à être une « major pétrolière responsable », alignée sur les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat, et le cynisme avec lequel il poursuit l’exploitation de nouveaux gisements de pétrole et de gaz partout sur la planète. Nouveau rapport de « Notre affaire à tous » avec plusieurs partenaires dont l’Observatoire des multinationales.

Face au changement climatique, c’est un peu comme si les dirigeants de Total avaient voulu appliquer la stratégie de l’« en même temps » chère à Emmanuel Macron. Le groupe pétrolier français, qui figure parmi les champions mondiaux des gaz à effet de serre (avec 0,9% à lui seul de toutes les émissions mondiales), s’affiche désormais comme un pionnier de la transition énergétique, avec des activités dans le solaire, la fourniture de gaz et d’électricité « verts », ou encore les batteries. Il promet que sa stratégie est compatible avec un réchauffement des températures globales contenu sous la barre des 2°C. Et « en même temps », il continue à investir des milliards d’euros ou de dollars pour développer de nouveaux gisements de pétrole et de gaz.

La réalité cruelle qui finit généralement par rattraper les tenants de l’« en même temps » est que les directions poursuivies simultanément ne sont pas forcément compatibles entre elles. En l’occurrence, elles sont même totalement contradictoires.On ne peut pas prétendre sauvegarder le climat tout en continuant à brûler du gaz et du pétrole pour les décennies à venir. Et il suffit de gratter un tout petit peu derrière les slogans publicitaires et les discours publics pour voir que les dirigeants de Total le savent très bien. Le rapport Total : la stratégie du chaos climatique, publié ce 29 mai à l’occasion de l’assemblée générale de Total par « Notre affaire à tous », 350.org et les Amis de la Terre, avec le soutien de Attac France, de Sherpa, des Eco maires et de l’Observatoire des multinationales, vient le montrer une fois de plus.

Grand écart entre les discours et les actes

Soumis à la pression du mouvement pour le désinvestissement des énergies fossiles et désireux d’éviter des mesures politiques contraignantes, Total avait publié pour la première fois en 2016 une « stratégie climat ». Celle-ci était censée prouver que le groupe pétrolier pouvait poursuivre ses activités dans les hydrocarbures tout en restant dans une trajectoire compatible avec les objectifs de l’Accord de Paris. Un tel tour de passe-passe ne pouvait faire illusion qu’au prix de multiples omissions et contorsions, décortiquées dans un rapport de l’Observatoire des multinationales et 350.org, intitulé Total : une « stratégie climat » en trompe-l’oeil. Citons notamment Total_fb_img_art - copi2e.jpgla promotion du gaz (et notamment du gaz de schiste) comme une énergie « bas carbone », en escamotant la question des émissions de méthane qui rendent cette source fossile peut-être aussi nocive que le charbon, ou encore l’hypothèse implicite d’un déploiement massif, dans l’avenir, de technologies de « capture et stockage du carbone » pour retirer le CO2 émis par Total de l’atmosphère. Des technologies qui n’existent pas aujourd’hui, (?????) et dont beaucoup pensent qu’elles ne seront jamais viables…

NDLR : Voir Stockage de co2 à Jurançon + autres projets en Norvège, Pays Bas, États-Unis … http://co2.jurancon.blog.free.fr

Des technologies qui existent bel et bien depuis au moins une dizaine d’années ! et qui mériteraient davantage d’opposition car ce sont de véritables fausses solutions.

Il serait temps que les grandes associations écologistes nationales parlent enfin de « CLIMAT » … dans le détail ! 

Cela aiderait les écologistes (et pas les industriels, indirectement)

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TOTAL.jpgEntre-temps, les dirigeants de Total ont continué à miser sur le développement massif du gaz de l’Arctique russe, avec les projets Yamal LNG et Arctic LNG 2 (lire Yamal LNG : comment les intérêts de l’industrie pétrolière continuent à primer sur la sauvegarde du climat… et sur les sanctions commerciales), ainsi que sur celui du gaz de schiste américain et de son importation en Europe (lire Alors qu’une nouvelle cargaison arrive en France, Total mise gros sur le gaz de schiste américain). Ils poursuivent leurs projets pétroliers au large du Brésil et sur le continent africain, aussi bien dans les pays d’implantation historique de Total comme l’Angola ou le Nigeria que dans de nouveaux terrains de chasse comme la région du Grands Lacs ou le Mozambique. Leur projet « vert » emblématique en France, la reconversion de la raffinerie de La Mède vers les agrocarburants, est sous le feu des critiques car cette production sera essentiellement basée sur de l’huile de palme, sans garantie solide qu’elle ne contribue pas à la déforestation (lire La raffinerie de Total à La Mède convertie à l’huile de palme).

Autant de choix qui ne sont pas innocents politiquement. Le PDG Patrick Pouyanné a fait des courbettes aussi bien devant Donald Trump, mettant en exergue ses investissements dans l’industrie pétrochimique aux États-Unis, que devant Vladimir Poutine, président d’une Russie devenue le premier pays de production de Total, et devant la famille royale saoudienne. Il a aussi été le premier dirigeant d’une multinationale occidentale à rendre visite au nouveau président brésilien après la destitution forcée de Dilma Rousseff.

Manque de sérieux

L’analyse effectuée par « Notre affaire à tous » et ses partenaires suggère que les dirigeants de Total prennent de moins en moins la peine de se cacher. Le premier « plan de vigilance » publié par le groupe l’année dernière, dans le cadre de l’application de la loi sur le devoir de vigilance des multinationales (lire ici), ne mentionnait même pas le changement climatique. Dans les documents publiés à l’occasion de l’assemblée générale annuelle 2019, Total prétend dans certaines pages inscrire sa stratégie de développement dans le cadre d’un scénario de l’Agence international de l’énergie (AIE) limitant le réchauffement des températures à 2°C à l’horizon 2100. Mais dans d’autres pages, le groupe pétrolier admet se baser sur un autre scénario de l’AIE, dit « business as usual », menant vers un réchauffement compris entre 2,7 et 3,3°C… « [Total entretient] délibérément la confusion entre les différents scénarios de l’AIE afin de justifier des investissements massifs dans la production de gaz et de pétrole », dénoncent les auteurs du rapport.

Les cinq objectifs concrets déclinés par Total (réduire le torchage de gaz, améliorer son efficacité énergétique de 1% par an, réduire l’intensité carbone de ses produits de 15% d’ici 2030, réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 13% d’ici 2025, réduire les émissions fugitives de méthane) illustrent son peu de sérieux sur la question du climat, au-delà des effets d’affichage.Aucun ne va au-delà de l’horizon 2030. Il n’est question que d’une réduction très modeste et relative de l’impact climatique du groupe, alors même que la plupart des objectifs officiels visent désormais explicitement la neutralité carbone. Le Giec (Groupe international d’experts sur le climat) estime par exemple que pour avoir 50% de chances de limiter le réchauffement à 1,5°C et 85% de chances de le limiter à moins de 2°C d’ici la fin du siècle, les émissions globales de gaz à effet de serre doivent être réduites d’au moins 45% d’ici 2030 par rapport à 2010, et atteindre la neutralité carbone en 2050.

Total peut-elle encore être une entreprise respectable ?

Les derniers documents de Total sur le climat continuent à reposer implicitement sur un déploiement très hypothétique de technologies de capture et stockage du carbone, de même que sur le développement des agrocarburants. Comme d’autres majors pétrolières récemment, Total annonce aussi des investissements de 100 millions de dollars par an dans des « puits de carbone » – autrement dit des programmes de forestation en Afrique et ailleurs pour compenser ses émissions. Alors que projets actuels de protection de la forêt ou de reboisement au bénéfice des multinationales sont déjà accusés d’être peu efficaces [1] et de réduire l’accès aux ressources des communautés locales, beaucoup craignent que des programmes aussi massifs n’entraînent une nouvelle vague d’accaparement des terres.

Après s’être plongés dans ses comptes annuels, les auteurs du rapport La stratégie du chaos climatique confirment la disproportion entre les investissements de Total dans le pétrole et le gaz – 9,2 milliards de dollars en 2018 – et ceux dans le secteur décrit comme « bas carbone » – seulement 0,5 milliard au total, y compris pour des projets qui n’ont pas grand chose de vert. Ce n’est pas l’annonce récente de l’acquisition des gisements de pétrole et de gaz d’Anadarko en Afrique pour 8,8 milliards de dollars qui risque d’inverser la tendance en 2019.

Si le groupe pétrolier fait tant d’efforts de communication pour se présenter en « major pétrolière responsable », s’il finance abondamment des musées et des notre-dame-marques-720x528.pnguniversités (et aujourd’hui la reconstruction de Notre-Dame) et s’engage dans tous les « pactes » possibles et toutes les initiatives vertes destinées au secteur privé, c’est que cette aura de respectabilité la protège des conséquences concrètes de ses actes. Or, comme le rappelle « Notre affaire à tous », « la différence entre 1°C, 1,5°C et 2°C se chiffre en centaines de millions de vies ». En mettant en lumière « la stratégie du pire assumée par Total », les militants du climat souhaitent faire tomber les masques, pour que l’entreprise elle-même, mais aussi tous ses partenaires et les pouvoirs publics, soient enfin mis face à leurs responsabilités. Tout laisse à croire qu’il y a urgence.

Comment les géants du pétrole cherchent à « capturer les discours » sur le climat

Observatoire des multinationales – le 22 mars 2019 :

arton1347ExxonMobil, Chevron, BP, Shell et Total dépensent près de 200 millions de dollars par an en publicité pour se doter d’une image positive sur l’enjeu du climat. Dans le même temps, les géants du pétrole continuent à faire du lobbying, directement et via leurs associations professionnelles, pour éviter toute politique ambitieuse de limitation des énergies fossiles.

L’ONG InfluenceMap s’est fait une spécialité de décortiquer les stratégies de lobbying et les doubles discours des géants de l’énergie (voir notre précédent article). Elle réitère aujourd’hui avec un nouveau rapport analysant dans le détail la stratégie d’influence déployée, depuis la signature de l’Accord de Paris sur le climat fin 2015, par les cinq principales majors pétrolières : ExxonMobil, Chevron, BP, Shell et Total.

Le charbon, le pétrole et le gaz sont de loin la première source d’émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial. Naturellement, les multinationales qui extraient et vendent ces hydrocarbures se sont retrouvées sommées de se justifier de leur responsabilité dans la crise climatique. Après avoir longtemps dénié le problème, elles ont fini par changer de stratégie (surtout en ce qui concerne les majors européennes), et préfèrent désormais donner au public une image plus positive sur le sujet… mais sans vraiment changer de pratiques.

« Capturer le discours »

L’un des principaux enseignements du rapport d’InfluenceMap est que les 5 géants du pétrole dépensent désormais autant d’argent – environ 200 millions dollars par an – en campagnes promotionnelles destinées à améliorer leur réputation sur l’enjeu climatique (ce que les auteurs appellent « climate branding ») qu’en lobbying proprement dit sur les dossiers liés au climat. Mais en réalité, ces campagnes sont elles aussi une forme de lobbying, puisqu’elles visent souvent à

« capturer le discours climatique » en détournant l’attention du public et en positionnant Total, Shell et compagnie comme les seuls experts sérieux sur le sujet.

Une stratégie typique des majors consiste à insister lourdement dans leur communication sur des initiatives « vertes » très modestes, pour mieux passer sous silence leurs investissements massifs dans de nouveaux gisements de pétrole et de gaz. Exemple caricatural : ExxonMobil vante auprès du public ses agrocarburants à base d’algues, mais les objectifs qu’elle s’est fixée dans ce domaine à l’horizon 2025 correspondent à … 0,2% de sa capacité de raffinage. InfluenceMap estime ainsi que les cinq majors ne consacrent que 3% de leurs capitaux aux énergies « bas carbone ». Bien moins que ce qu’on pourrait espérer au regard de leur effort publicitaire…

Le terme même d’énergie « bas carbone », abondamment utilisé par les industriels, est une manière de créer de la confusion en mettant dans le même sac différentes technologies pas forcément très vertes et pas forcément renouvelables, comme le gaz naturel, les agrocarburants et quelques autres. Autant de manipulations que nous avions documentées dans notre analyse de la Stratégie climat publiée il y a deux ans par Total (lire Total : une « stratégie climat » en trompe-l’oeil).

Lobbying 2.0

Dans le même temps, ces mêmes majors pétrolières ne se gênent pas pour poursuivre leur travail de sape contre toute politique ambitieuse de lutte contre le changement climatique, qui impliquerait de mettre un frein à leur développement. Mais elles le font

principalement via leurs associations professionnellesautrement dit les lobbys du secteur pétrolier – plutôt qu’en leur nom propre.

Une manière de préserver l’image verte qu’elles se sont payée, sans rien céder sur le fond. L’une des plus puissantes de ces associations professionnelles est l’American Petroleum Institute, dont sont membres les cinq majors (Total siège même à son conseil d’administration). C’est cette structure qui a mené la charge auprès de Donald Trump pour demander – et obtenir – l’abandon des régulations adoptées par l’administration Obama sur les émissions de CO2 et de méthane. C’est également ainsi que Total, tout en déclarant officiellement son soutien à un prix du carbone, peut pousser exactement en sens inverse via sa participation à l’American Petroleum Institute, à American Fuel and Petrochemical Manufacturers ou à la Canadian Association of Petroleum Producers.

Ce lobbying prend aujourd’hui de nouvelles formes. À l’occasion des élections de mi-mandat de 2018 aux États-Unis, les majors pétrolières ont non seulement financé les campagnes électorales de candidats démocrates et (surtout) républicains, comme elles le font depuis toujours. Elles ont aussi dépensé plusieurs millions de dollars en publicités ciblées via Facebook ou Instagram dans plusieurs États « sensibles ». Comme le Texas où le sénateur républicain sortant était menacé, ou encore le Colorado, l’Alaska et Washington, qui avaient mis au vote des résolutions limitant le développement de l’industrie pétrolière et gazière. Pour cette fois, elles ont à chaque fois gagné.

COMMENT BIEN FAIRE MARRER LES BRETONS…

Mais pas que …

La République des Pyrénées – le 17 septembre 2018 :

TOTAL MISE SUR LES HUITRES POUR DÉTECTER LA POLLUTION

Total soutient les travaux d’un petit laboratoire d’Arcachon qui utilise l’huître comme une vigie des pollutions marines.

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Jean-Charles Massabuau scrute dans un aquarium le comportement d’une douzaine d’huîtres connectées à des électrodes.

Un simple mouvement de valve… et l’huître devient vigie des pollutions marines, dans l’Arctique ou le Golfe, grâce aux travaux d’un petit laboratoire à Arcachon.Une découverte qui intéresse fortement le groupe Total qui a organisé des tests sur le site de Lacq.

Le mollusque bivalve «est très bien outillé pour goûter la qualité de l’eau qu’il filtre toute la journée» et réagir à la moindre fuite d’hydrocarbure émanant de plateformes offshore ou de raffineries dans les estuaires de l’hexagone, Jean-Charles Massabuau, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Il planche sur le sujet depuis 2011.       (   !   )

Des tests réalisés à Lacq

TOTAL.jpgEntre paillasses et microscopes, le biologiste scrute dans l’aquarium le comportement d’une douzaine d’huîtres connectées à des électrodes. Ici, on applique la «méthode valvométrique» permettant de mesurer en temps quasi réel les cycles d’ouverture et de fermeture des valves de l’huître. Objectif: déterminer à distance l’état de santé de l’animal pour fabriquer un indicateur de la qualité de l’eau. «L’électrode collé sur la valve envoie des signes à chaque mouvement, relayés par un ordinateur qui les transforme en alerte», explique le scientifique.

La réponse du mollusque est immédiate et d’autant plus forte que la concentration de pétrole est élevée. Une observation éprouvée en mer de Barents, et dans les canaux artificiels du site de Total à Lacq. Car Total n’a pas tardé à s’intéresser aux travaux de cette petite cellule de biologistes, mathématiciens et informaticiens, lui apportant son soutien financier. La valvométrie est un outil prometteur «pour le suivi industriel de la qualité des milieux aquatiques autour de nos installations», et pour une détection «très précoce» de possibles fuites «silencieuses», assure Philippe Blanc, responsable de la lutte anti-pollution, chez Total.

Des huîtres sous les plateformes

La multinationale, partenaire du laboratoire depuis 2012, a donc conclu «des accords contractuels» avec l’Université de Bordeaux et le CNRS, pour amener cette technologie «au niveau d’un outil industriel performant, fiable et reconnu». Une collaboration, représentant «un investissement en dépenses externes d’environ 1,7 million d’euros», selon Total.

Après un premier «pilote» sur le champ d’Abu Al Bukhoosh, au large d’Abu Dhabi où des huîtres perlières ont séjourné 14 mois sous une plateforme pétrolière, Total veut en équiper d’autres «sur le champ d’Al Khalij au Qatar».

Mais ce partenariat peut être «à double tranchant» pour le géant pétrolier, bête noire des écologistes. «Car l’huître peut révéler beaucoup de choses», prévient Jean-Charles Massabuau. «Pour redorer une très mauvaise image de marque, ajoute-t-il, Total cherchait des techniques et des hommes pouvant servir de référents, afin de montrer les efforts qu’il essaie de faire pour être plus propre».

Mais plutôt qu’une «caution scientifique», le chercheur préfère être une «garantie crédible». «A condition toutefois que l’industriel s’engage à résoudre concrètement, en étroite concertation avec le laboratoire, et en toute transparence, tout problème éventuel de pollution aussitôt qu’il serait détecté». «Parce que moi, insiste le biologiste, mon problème c’est que la mer soit plus propre, et les industriels aussi».


NDLR : TOTAL, vous voulez dire que vous ne connaissiez pas les conséquences de vos pollutions ( Erika, raffinerie de Donges, et autres pollutions diverses et variées ) parce que vous n’aviez pas vos petites huîtres high tech ultra connectées ?!

TOTAL SE RAPPROCHE DES BARRAGES D’OSSAU

Total va racheter pour 2,5 milliards d’euros (dette comprise) Direct Energie, premier opérateur électricité/gaz alternatif du marché français avec 2,6 millions de clients.

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Total acquiert 74% de Direct Energie pour 1,4 milliard $

Le pétrolier français Total acquerra bientôt Direct Energie, le troisième plus grand fournisseur d’électricité et de gaz. Concrètement, le géant prendra possession de 74% de l’actionnariat de la compagnie, au prix de 1,4 milliard €.

L’opération qui sera finalisée d’ici la fin de l’année 2018, « s’inscrit dans la stratégie du groupe d’intégration de l’ensemble de la chaîne de valeur du gaz-électricité», a affirmé à ce propos, Patrick Pouyanné, le président-directeur général de Total. Avec cette nouvelle acquisition, le géant pétrolier qui est entré dans une phase de diversification de son portefeuille, avec notamment l’intégration des énergies renouvelables, multiplie par 7 sa part du marché électricité en France qui est désormais de 7%. La nouvelle entité s’est en outre, fixé pour objectif d’atteindre un portefeuille de 6 millions de clients en France et 1 million en Belgique d’ici 2022. 

TOTAL RACHETE LAMPIRIS.jpgDirect Energie rejoint ainsi le rang des entreprises électriques acquises par Total. Le pétrolier a en outre, pris des participations dans EREN Renewable Energy le fournisseur d’énergies renouvelables, SunPower le fabricant américain de matériaux d’énergie solaire, GreenFlex un spécialiste français de la transition énergétique, Lampiris le fournisseur belge d’électricité et dans United Wind, une compagnie américaine spécialisée dans l’éolien. (Lien source)

Le pétrolier est déjà présent sur ce marché en France et Belgique depuis le rachat de Lampiris en 2016. Il veut passer de 7 à 15% de parts de marché en France en 5 ans. Il lui faut encore choisir quelle marque il va conserver, le groupe ayant lancé Total Spring à l’automne. En achetant Direct Energie, Total pourrait se retrouver prochainement concessionnaire des unités hydroélectriques de la vallée d’Ossau pour lesquelles Direct Energie était candidat.

AVEC DIRECT ENERGIE, TOTAL PASSE « DE LA POMPE à LA PRISE »

Direct-Energie-768x623.jpg(Lien source) Au-delà de bons trimestriels, les opérateurs sont également très friands d’annonces de fusion-acquisition donnant lieu à des « primes » d’acquisition sympathiques. La dernière en date ? L’opération de Total sur Direct Energie. En effet, face à des perspectives de croissance incertaines, et probablement moins florissantes que ce que les gérants prétendent face aux médias (en « off », ils se montrent beaucoup plus prudents), l’un des axes de stock picking privilégiés consiste à identifier les cibles d’une possible opération de croissance externe… Autrement dit, de concentration.

Total rachète Direct Energie

(…) C’est donc Total qui a fait l’actualité ce mercredi, avec une offre de rachat amicale de près de 2 Mds€ immédiatement saluée par la communauté financière. La proie n’est autre que Direct Energie. Le protocole d’accord de rapprochement a été approuvé à l’unanimité par le conseil d’administration de la cible. Qu’en est-il ? L’opération passe d’abord par l’acquisition immédiate par Total de 74,3% du capital de Direct Energie ; sur la base de 42 € par action (+30% de prime !) pour un montant d’environ 1,4 Md€. S’en suivra une offre publique obligatoire pour éponger le reliquat détenu par les minoritaires (vous et moi). Ce qui coûtera grosso modo à Total 0,5 Md€ supplémentaire pour monter à 100% du capital.

(…) Ainsi avec Direct Energie, Total s’affranchit de sa dépendance au pétrole tout en atténuant l’image de producteur/raffineur qui colle à l’enseigne.

TOTAL.jpgCar, dans sa dot, la cible ramène 2,6 millions de clients supplémentaires (actuellement 1,4 million) et une capacité de 1,35 gigawatt qui viennent s’ajouter aux 900 mégawatts de Total.

C’est symbolique eu égard aux capacités d’EDF, mais cette activité n’en est qu’à ses débuts. Total a déjà beaucoup investi dans l’éolien mais, en termes d’offre de mégawatts, cela reste anecdotique. Direct Energie offre à Total un accès à l’hydroélectricité et à deux

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TOTAL & la Green tech

centrales thermiques à « Cycle Combiné » fonctionnant au gaz naturel (à Bayet dans l’Allier et Marcinelle en Belgique) d’une capacité d’environ 800 MW. Les mégawatts restants se répartissent entre barrages, éoliennes terrestres, énergie solaire et biogaz, en France métropolitaine et dans les DOM-TOM.

Le patron de Total, Patrick Pouyanné, espère 300 M€ de synergies… Ce n’est peut-être pas tant dans la production que réside la pertinence de cette opération mais bien dans la force de frappe commerciale que lui apporte Direct Energie… et c’est bien l’un des atouts majeurs de cette concentration.

(…)  à l’issue du processus de rapprochement, il n’y aura plus « qu’une seule marque », qui reste encore à définir.

« Un potentiel de croissance considérable »

b978947753z.1_20160615082847_000gm37128q4.1-0« Il y a encore la moitié des gens qui ne savent pas que l’on peut changer de fournisseur, donc il y a un potentiel de croissance considérable », a souligné Xavier Caïtucoli, PDG et cofondateur de Direct Energie,. « Si vous ajoutez à cela les questions qui sont posées autour des tarifs réglementés, ma conviction est que les parts de marché vont se redistribuer dans les années qui viennent et le troisième acteur français aura son mot à dire ».

Le gouvernement envisage en effet une fin progressive des tarifs réglementés

du gaz, avec leur extinction à l’horizon 2023 pour les particuliers. Les tarifs réglementés de vente (TRV) de l’électricité appliqués par EDF à plus de 27 millions de consommateurs en France ont aussi été attaqués en justice par des fournisseurs alternatifs.


L’AVENIR DES BARRAGES HYDROÉLECTRIQUES INQUIÈTE

Béarn : le PCF manifeste contre la privatisation de l’hydroélectrique

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Le Parti communiste français du 64 a organisé ce samedi matin un mouvement pour mettre sous « protection citoyenne » l’usine hydroélectrique d’Asasp-Arros, en présence de Marie-Pierre Vieu, députée européenne PCF et d’Olivier Dartigolles, porte-parole national du PCF. (Lien source)

Devant « les financiers qui lorgnent sur cette richesse qu’est l’eau », ils entendent éviter « une spoliation du patrimoine hydroélectrique du pays ».

LES ÉOLIENNES AUX MAINS D’AREVA ET TOTAL

Planète sans Visa – Fabrice Nicolino – 25 avril 2014 :

Cet article a été publié par Charlie Hebdo le 16 avril 2014

Un nouvel Eldorado pour les transnationales françaises de l’énergie : les éoliennes en mer.  Un accord inédit lie le WWF, Greenpeace, les Amis de la Terre et les compères du nucléaire, du gaz et du pétrole réunis

file-photo-of-wind-turbines-in-france-where-new-commission-beennamed-for-alternative-energy-source_5881015Cherbourg, capitale de la propagande. La semaine passée – les 9 et 10 avril -, le syndicat des énergies renouvelables (SER) organisait dans le Cotentin les premières « Assises nationales des énergies marines renouvelables ». Formidable ? Dégueulasse. Pour bien comprendre ce qui se passe, il faut commencer par présenter la bête. Le SER (http://www.enr.fr) n’est pas un syndicat, c’est une vaste réunion de compères créée en 1993, où dominent quelques poids lourds comme EDF, Gdf-Suez, Total, Alstom, Areva. La fine fleur du nucléaire, des turbines industrielles qui lui sont souvent liées,  et des combustibles fossiles comme le gaz ou le pétrole. Peut-on trouver plus merdique ? Non.

À Cherbourg, on a discuté de l’avenir prévisible de deux très gros dossiers. Les éoliennes offshore et les hydroliennes. Pour les premières, c’est vraiment parti après des années de valse-hésitation. On peut voir le coup d’envoi dans une lettre un poil hallucinante datée du 18 septembre 2009. Toute la galaxie écolo officielle – celle qui a donné dans le Grenelle de l’Environnement de Sarkozy – a posé sa signature. Le WWF, Greenpeace, Les Amis de la Terre, entre autres.

Ces écolos bien-élevés hurlent à la mort, car « les adversaires de l’énergie éolienne s’apprêtent à une nouvelle campagne de dénigrement avec, pour point d’orgue, l’organisation de leur manifestation annuelle le 26 septembre ». Où ? Au Mont Saint-Michel, où ces crapules prétendent qu’il existe un projet d’éoliennes offshore. Et blababli et blablabla. Le texte est un hymne au progrès techno, et peste contre des projets de loi susceptibles de nuire à l’éolien et à son « rôle important dans la lutte contre le changement climatique et pour le développement économique ».

Non, ce n’est pas un dépliant du ministère de l’Industrie, quoique. On a oublié l’un des signataires, un certain André Antolini, alors président du SER évoqué plus haut. Antolini est une caricature, qui a été – entre autres – président de la Fédération nationale des promoteurs constructeurs (FNPC), du Conseil national de la construction (CNC), et directeur général délégué d’EDF-énergies nouvelles. Bref, un bon camarade. Comment les écolos estampillés se sont-ils embarqués à bord d’une telle galère ? Mystère des profondeurs. En tout cas, Sarkozy embraie aussitôt et débloque un dossier jusque là en panne. En janvier 2011, il annonce un appel à projets portant sur 10 milliards d’euros et cinq sites offshore : Dieppe-Le Tréport, Fécamp, Courseulles-Sur-Mer, Saint-Brieuc et Saint-Nazaire. En moins de dix ans, 600 éoliennes doivent être construites en mer.

En avril 2012, le noble Éric Besson annonce les résultats de l’appel d’offre. EDF, alliée avec Alstom et un Danois, ramasse la mise pour Courseulles, Saint-Nazaire et Fécamp. Areva et un Espagnol s’emparent de Saint-Brieuc, et Le Tréport est repoussé. Besson sanglote et lâche au micro : « Cette décision va conduire au développement d’une nouvelle filière industrielle à vocation mondiale, avec 10.000 emplois industriels créés, et positionner la France parmi les leaders mondiaux de l’industrie éolienne offshore ».

Rebelote en novembre 2013 : le gouvernement lance un second appel d’offres pour deux champs d’éoliennes offshore au large du Tréport et de Noirmoutier. Cette fois, le SER d’Antolini et de Jean-Louis Bal, son remplaçant, ne se sent plus, et annonce carrément 30 000 emplois d’ici 2030 si on lui refile toutes nos côtes. Toutes ? Quand même pas. La carte établie pour l’occasion se concentre sur la mer du Nord et la Manche, l’Atlantique au sud de Saint-Nazaire, et quelques spots en Méditerranée. Pour l’instant. On en est là, au point de bascule d’un gigantesque projet d’industrialisation côtière. La France octroie la mer proche à ceux qui ont pourri la France et le monde – Total, c’est Elf, et les satrapes africains – à coup de centrales nucléaires, de barrages géants – celui des Trois Gorges, en Chine, c’est Alstom – et de derricks dans le cul des pauvres du Sud.

Est-ce bien raisonnable ? Gloire à l’association Robin des Bois (www.robindesbois.org), qui a décidé, bien seule, de relever le gant. Dans un communiqué cinglant publié le 8 avril, elle pose la seule question qui vaille : « Nous avons dégradé le littoral. Allons nous maintenant transformer la mer côtière en zone industrielle ? ». À ce stade, ça craint déjà beaucoup, car « aucune étude d’impact sérieuse et contradictoire n’est disponible ». Rien sur les oiseaux, les mammifères marins, les poissons, les effets de barrière, les risques de collision.

Sérieusement, faut-il faire confiance à Areva et EDF pour assurer la fameuse « transition énergétique » ?

Cela s’appelle la fuite en avant. Les monstres énergétiques ne sont pas programmés pour penser la sobriété, mais seulement le gaspillage et la surproduction. L’exemple des hydroliennes entre à la perfection dans ce schéma mental.

Qu’est-ce qu’une hydrolienne ? Une turbine immergée qui utilise la puissance des courants sous-marins comme le font les éoliennes avec le vent. La technologie existe, mais ses effets demeurent inconnus. Prenons des exemples, du plus simple au plus général. Pour empêcher l’encrassage des turbines par les algues et le plancton, il faudra balancer sans cesse des produits antifouiling, qui sont parmi les pires perturbateurs endocriniens. Bien au-delà, les hydroliennes modifient fatalement les courants marins, la sédimentation, les zones de pêche. Le risque de ce que les biologistes appellent des « zones mortes » est évident.

Le projet le plus fou de tous concerne le raz Blanchard, qui est l’une de nos vraies merveilles. Il s’agit d’une sorte de torrent sous-marin d’une puissance stupéfiante – la vitesse du courant peut dépasser 5m/seconde -, à l’ouest de Cherbourg. Nul ne sait comment ce trésor s’insère dans les écosystèmes locaux et régionaux, mais les ingénieurs ont décidé de le traiter comme une grosse canalisation. Un tuyau.

Où irait l’électricité ainsi produite ? Droit dans la ligne THT qui partirait du futur réacteur nucléaire EPR de Flamanville, en direction du réseau national d’EDF. La poursuite du même, encore et toujours. Reiser, Gébé, où sont passés l’an 01 et les petites éoliennes au-dessus des toits ?

CLIMAT, FISCALITÉ, DROITS HUMAINS, ENVIRONNEMENT : LE VÉRITABLE BILAN ANNUEL DE TOTAL

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Observatoire des multinationales – 28 mai 2015 :

À l’occasion de l’assemblée générale de Total le 29 mai 2015, l’Observatoire des multinationales publie son premier « rapport annuel alternatif », en collaboration avec les Amis de la Terre France. Cette publication entend mettre en lumière le véritable bilan du groupe pétrolier français, y compris les conséquences sociales et environnementales de ses activités.

Pollutions, grèves, contestation du gaz de schiste, présence de Total dans les paradis fiscaux, forages de plus en plus coûteux et risqués, accusations d’atteintes aux droits humains… Tels sont les sujets abordés dans ce rapport, qui cherche à lever le voile de la communication bien lissée de l’entreprise. Ces aspects demeurent largement passés sous silence dans les documents officiels.

En cette année 2015 marquée par l’enjeu du changement climatique, avec l’organisation de la 21e Conférence intergouvernementale sur le sujet à Paris en fin d’année, le thème de la transition énergétique et des énergies fossiles occupe évidemment une place centrale dans ce bilan annuel. Total est l’un des principaux émetteurs français et mondiaux de gaz à effet de serre. Le groupe n’a pas engagé de véritable réduction de ces émissions, en misant au contraire sur l’exploitation de nouvelles sources fossiles extrêmement polluantes (comme les sables bitumineux canadiens) et extrêmement risquées (gaz non conventionnels, prospection en offshore profond), y compris dans des zones écologiques fragiles jusqu’ici préservées, comme l’Arctique ou les Grands lacs africains.

Au vu de l’urgence climatique, c’est le cœur même de l’activité de Total qui suscite des questions, alors que de plus en plus d’acteurs financiers souhaitent détourner leurs investissements des énergies fossiles (pétrole, gaz et charbon). Ce sont les salariés de l’entreprise qui, les premiers, risquent de supporter les conséquences de la stratégie de déni poursuivie par la direction de Total.

Ce rapport annuel alternatif est une première en France. À la fin du mois de juin, l’Observatoire des multinationales publiera des contre-rapports sur quelques autres grandes entreprises françaises, en attendant de poursuivre et étendre cette démarche dans les années à venir.

Pour lire le rapport sur Total, cliquez sur l’icône ci-dessous :

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Total : le véritable bilan annuel

Observatoire des multinationales – 28 mai 2015