Pour la première fois, un juge refuse de suspendre deux arrêtés anti-pesticides

1247095-000_1jv19gNous voulons des coquelicots :   Après Langouët, la ville de Sceaux

Oui, on a le droit –et le devoir– de protéger la population contre le danger des pesticides !

 

Le Monde – le 08 Novembre 2019 :

La préfecture des Hauts-de-Seine avait contesté la légalité des décisions de deux villes qui avaient interdit l’usage de pesticides sur leur territoire.

Le tribunal administratif (TA) de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise) a rendu, vendredi 8 novembre, un jugement qui pourrait faire date. Son juge des référés a rejeté la demande de suspension par le préfet des Hauts-de-Seine de deux arrêtés interdisant l’utilisation du glyphosate et des pesticides, pris au printemps par les maires de Gennevilliers et Sceaux.

Des manifestants soutiennent Daniel Cueff, maire de Langouët, devant le tribunal administratif de Rennes, le 14 octobre.

Des manifestants soutiennent Daniel Cueff, maire de Langouët, devant le tribunal administratif de Rennes, le 14 octobre. DAMIEN MEYER / AFP

Le 20 mai et le 13 juin, les premiers magistrats de ces deux communes avaient respectivement interdit l’utilisation du glyphosate et d’autres substances chimiques dans les espaces fréquentés par le public sur leurs territoires communaux au motif de la présence importante de populations vulnérables.

Considérant que les deux maires excédaient leurs compétences, puisque « la police spéciale relative à l’utilisation des produits phytopharmaceutiques » relève du ministre de l’agriculture, le préfet du département avait demandé au juge des référés de suspendre ces décisions. Sans succès…

« Présomption suffisamment établie de dangerosité »

Dans ses ordonnances du 8 novembre, le TA de Cergy-Pontoise, qui statuait en urgence, a bien rappelé que « s’il appartient au maire, responsable de l’ordre public sur le territoire de sa commune, de prendre les mesures de police générale nécessaires au bon ordre, à la sûreté, à la sécurité et à la salubrité publiques, il ne saurait s’immiscer dans l’exercice de cette police spéciale qu’en cas de danger grave ou imminent ou de circonstances locales particulières ».

Mais la juridiction a ajouté qu’il « ne saurait être sérieusement contesté que les produits phytopharmaceutiques visés, (…) qui font l’objet d’interdictions partielles (…), constituent un danger grave pour les populations exposées ». Et qu’« eu égard à la présomption suffisamment établie de dangerosité et de persistance dans le temps des effets néfastes pour la santé publique et l’environnement des produits concernés, et « en l’absence de mesures réglementaires suffisantes prises par les ministres titulaires de la police spéciale », les maires ont pu « à bon droit » considérer que leurs administrés « étaient exposés à un danger grave justifiant qu’ils prescrivent les mesures contestées [par le préfet] ».

« Carence de l’État »

(…) « Le tribunal a reconnu une carence de l’État et il reconnaît au maire la compétence pour agir dans la mesure où l’on a suffisamment d’indications sur la dangerosité des produits, a déclaré l’avocate au Monde. Cette décision élargit le débat de politique générale sur le rôle du maire comme intermédiaire et défenseur de ses administrés par rapport à l’État. »

Cette ordonnance « permet de faire jurisprudence, cela veut dire que toutes les villes qui ont pris ces arrêtés vont en bénéficier », a déclaré Florence Presson, adjointe au maire de Sceaux pour la transition écologique et impliquée dans le Collectif des maires face aux pesticides, créé en août.

Le début d’un combat

« L’angle médiatique pris depuis la publication de ces arrêtés cible à nouveau les agriculteurs et contribue à accroître l’“agribashing”, a, pour sa part, regretté la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) Ile-de-France, vendredi soir. Encore un exemple qui va accentuer la fragmentation entre la ville et la campagne. »

Cette première victoire des maires de Gennevilliers et Sceaux ne marque que le début d’un combat. L’État ne manquera pas de faire appel des décisions du 8 novembre et, s’il perd à nouveau, ses contestations – pour l’heure rejetées sur l’urgence – devront encore être examinées sur le fond.

Le 25 octobre, dans un premier jugement sur le fond, le tribunal administratif de Rennes a rejeté un arrêté interdisant l’usage des pesticides à moins de 150 mètres des habitations pris, le 18 mai, par Daniel Cueff, maire de Langouët, une commune d’Ille-et-Vilaine de quelque 600 habitants.

5 ou 10 mètres des habitations? Vous vous foutez de nous!

Nous voulons des coquelicots – le 8 septembre 2019 :

girl-785309_1920-pixabay.jpgLe gouvernement organise depuis le lundi 9 septembre une consultation publique sur les conditions d’épandage des pesticides, à laquelle chacun est invité à donner son avis. Cette consultation publique est une farce, car le résultat en est d’ores et déjà annoncé: à partir de 2020, il faudra respecter une distance de 5 à 10 mètres entre les traitements chimiques et les habitations.

Ni 5 mètres, ni 10 mètres

Une telle décision est une insulte à la science et à notre santé, car les pesticides ne respectent pas les décrets. Ils voyagent sur des kilomètres, rejoignent les cours d’eau, montent dans l’air et les nuages, atteignent facilement le cœur des villes et jusqu’aux fœtus. Ils saturent l’air et polluent les pluies. Le lobby des pesticides vient de montrer une nouvelle fois sa puissance. La seule solution scientifiquement fondée, comme le réclame le mouvement des Coquelicots depuis un an: la fin de tous les pesticides de synthèse.

Le gouvernement regarde ailleurs

Des maladies en pagaille. Une nature qui disparait silencieusement. Un monde agricole au désespoir. Une autonomie alimentaire qui n’est plus qu’un rêve… Si près de neuf Français sur dix sont pour la fin des pesticides en cinq ans, c’est qu’ils ont compris que ces poisons sont une impasse mortelle. Pour tous. Mais il n’y a pire sourd que celui qui a intérêt à ne pas entendre et l’incroyable scandale des pesticides montre le gouffre qui s’agrandit chaque jour entre dirigeants et dirigés. La démocratie, ce n’est pas cela. Un élu de la République n’est pas au service des intérêts privés. Il doit d’abord et avant tout protéger la population dont il a la charge. Et il ne le fait pas. C’est très grave.

A quoi joue l’ANSES?

Pour préparer son décret-scélérat, le gouvernement et son ministère de l’Agriculture s’appuient sur des recommandations de l’ANSES, notre agence publique sanitaire. Entre 5 et 10 mètres, donc. Mais nous n’avons plus aucune confiance en elle. L’affaire des SDHI – une nouvelle classe de fongicides toxiques pour la santé – montre qu’elle a partie liée avec l’industrie des pesticides (1). Car malgré des alertes lancées par des scientifiques indépendants, elle laisse ce redoutable poison être épandu dans toute la France. Cette agence, celle-là même qui donne les autorisations de mise sur le marché (AMM) de ces poisons peut-elle sérieusement nous protéger contre ses propres décisions? Cela ne peut plus durer. Cette consultation publique est une honte pour notre République.

Nous voulons des CoquelicotsPlus que jamais, l’Appel des coquelicots, qui exige la fin de tous les pesticides de synthèse, est la seule issue!

(1) Un livre paru ce 12 septembre 2019 raconte cette affaire: «Le crime est presque parfait, l’enquête-choc sur les pesticides et les SDHI» (LLL), par Fabrice Nicolino, fondateur de Nous voulons des coquelicots.

« La République doit nous protéger des pesticides »

Ouest-France – le :

Bretagne. 115 000 soutiens pour le maire de Langouët et son arrêté anti-pesticides

Daniel Cueff lors de son allocution au pique-nique citoyen.L’arrêté anti-pesticide adopté par le maire Daniel Cueff en mai ne passe pas auprès des autorités. Pour le soutenir, une pétition a été lancée. Elle a déjà recueilli 115 000 signatures.

L’association Lann Coat, née en 2009, a organisé un pique-nique républicain et citoyen, dimanche, sur l’espace nature de la mairie. De très nombreux habitants de Langouët et des communes avoisinantes se sont retrouvés pour lancer un comité de soutien au maire Daniel Cueff

Le 18 mai, ce dernier a pris un arrêté municipal pour protéger les administrés en interdisant, dans sa commune, l’utilisation des pesticides de synthèse à 150 m des habitations. La préfète d’Ille-et-Vilaine, Michelle Kirry, a demandé à l’élu de retirer son arrêté. Et n’ayant pas cédé, cela se réglera devant le tribunal administratif.

« La République doit nous protéger des pesticides »

À Saint-Gondran, précise Patrice Noblet, membre d’un collectif en faveur de la mesure, une réunion a rassemblé une trentaine de personnes vendredi 5 juillet, pour inciter le maire à prendre une telle initiative.

Dans son allocution, le maire a souligné qu’avec pour devise « Égalité et Liberté, la République doit nous protéger des pesticides.

Nous devons être solidaires et fraternels. Nous aimons nos paysans. Ils ne doivent plus utiliser de pesticides. Nous sommes là pour les aider ».


Site « Nous voulons des coquelicots » :

I-Autre-25663_1200x1200-1-sachet-de-coquelicots-pour-soutenir-nous-voulons-des-coquelicots.net.jpg‘Nous voulons des coquelicots’ lance le recensement des communes qui ont interdit un, plusieurs ou tous les pesticides sur leur territoire.

Pour compléter cette liste d’héroïques protecteurs de la santé publique, écrivez-nous à coquelicots@nousvoulonsdescoquelicots.org

Ces mairies qui ont interdit les pesticides sur tout ou partie de leur commune :

Ces mairies qui ont interdit le glyphosate sur leur commune:

Y aurait-il des maires du 64 qui auraient le courage de prendre un tel arrêté  ? … Sollicitez vos mairies !

 

RIVERAINS VICTIMES DES PESTICIDES, CONNAISSEZ VOS DROITS !

allef-vinicius-ig-seteales-104790-unsplashChaque année de mars à octobre, les épandages des pesticides reprennent et impactent négativement le quotidien de riverains. À l’occasion de la clôture de la Semaine pour les alternatives aux pesticides, Générations Futures met à jour sa
brochure d’information dédiée aux droits des riverains et riverains victimes des pesticides
.

Générations-futures_riverains-et-pesticides
QUELS EFFETS SUR LA SANTÉ ?
L’utilisation et l’exposition aux pesticides ont
des conséquences pour la santé qui ne sont
plus à démontrer. Il est avéré que chez
les professionnels (agriculteurs, salariés de
l’agroalimentaire, etc.), il y a un risque accru de
développer certaines pathologies :
  • 5 fois plus de risques de développement de la maladie de Parkinson
  • 2,6 fois plus pour la maladie d’Alzheimer
  • Un risque accru de lymphome, de leucémie, de cancers du cerveau, du sein, de la prostate et du testicule, de troubles de la fertilité, de malformations génitales, de puberté précoce, de dépression, etc …
QUI EST CONCERNÉ ?
ob_43c622_penetration-pesticidesLes professionnels sont concernés, mais les riverains aussi. Les pesticides épandus à proximité de zones d’habitation contaminent les maisons et les corps.

Tous les renseignements sur la brochure suivante (cliquez sur le lien) :

Brochure d’information dédiée aux droits des riverains et riverains victimes des pesticides.

Glyphosate : aux États-Unis, Monsanto condamné à payer 81 millions de dollars à un malade du cancer

Le Monde – le 27 mars 2019 :

0b8bb40_CVzI2bwyPK43o-EYSwMC6emw.jpgC’est la première défaite de Monsanto, propriété du groupe Bayer, devant la justice fédérale américaine dans une affaire concernant le Roundup, un herbicide à base de glyphosate.

C’était le procès à ne pas perdre ; Monsanto l’a perdu. Un tribunal fédéral américain de San Francisco (Californie) a condamné, mercredi 27 mars, la firme à verser 80,8 millions de dollars (71,8 millions d’euros) à un malade touché par un lymphome non hodgkinien. Le plaignant, Edwin Hardeman, a utilisé à titre privé un herbicide à base de glyphosate pendant près de trois décennies et a contracté ce cancer rare de la lymphe en 2015. Bayer, qui a racheté Monsanto en 2018, a annoncé faire appel du jugement.

C’est la première défaite de la société agrochimique devant une juridiction fédérale américaine, concernant son produit-phare, le glyphosate, principe actif du célèbre Roundup. Mais c’est le troisième revers judiciaire qu’elle subit en quelques mois. En août 2018, un tribunal de l’Etat de Californie a condamné Bayer à verser 289 millions de dollars à un jardinier également frappé par un lymphome non hodgkinien – mais le chimiste allemand a fait appel du jugement. En France, cinq mois plus tard, le tribunal administratif de Lyon annulait l’autorisation de mise sur le marché du Roundup 360, en application du principe de précaution.

karthik-bhandare-472939-unsplashCependant, la décision du jury fédéral revêt une importance singulière. En effet, le cas particulier de M. Hardeman devrait servir de référence à quelque 700 plaintes analogues regroupées dans la même juridiction. En outre, la plainte de M. Hardeman était affaiblie par son âge relativement avancé – il est septuagénaire –, ce qui constitue un facteur de risque pour les lymphomes non hodgkiniens. Il avait, de plus, des antécédents d’hépatite C, une maladie qui prédispose également à ce type particulier de cancer.

Enfin, Bayer avait obtenu du juge Vince Chhabria qu’il scinde le procès en deux phases. La première était exclusivement dévolue à l’examen des éléments scientifiques du dossier, afin de déterminer la possibilité d’un lien causal entre l’exposition au Roundup et le lymphome du plaignant : ses avocates n’ont pas eu l’autorisation de citer les documents internes de la firme – les fameux Monsanto Papers – suggérant que celle-ci avait cherché délibérément à cacher la dangerosité de son produit. Ces documents n’ont pu être portés à l’attention du jury qu’au cours de la seconde phase qui, elle, devait juger de la responsabilité de la firme.

« Facteur substantiel » de la maladie

(…) « Comme il a été démontré au cours du procès, depuis l’autorisation du Roundup il y a quarante ans, Monsanto refuse d’agir de manière responsable, ont déclaré les avocates de M. Hardeman à l’issue du jugement. Les actes de Monsanto montrent clairement que la société ne se soucie pas de la cancérogénicité du Roundup et se focalise sur la manipulation de l’opinion publique et la mise en cause de quiconque soulève des inquiétudes fondées et légitimes sur son produit. » De son côté, Bayer assure que « ce verdict ne change ni le poids de plus de quarante ans de science, ni les conclusions des régulateurs du monde entier, qui soutiennent que les herbicides à base de glyphosate sont sûrs et non cancérogènes. »

A l’inverse des agences réglementaires, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), l’agence de l’Organisation mondiale de la santé chargée d’inventorier les substances cancérogènes, a classé le glyphosate « cancérogène probable » pour l’homme, en mars 2015, déclenchant la vague de plaintes à laquelle Bayer fait aujourd’hui face. La firme ajoute que ce jugement n’aura pas d’impact sur les autres affaires en cours, « chacune étant marquée par ses circonstances propres, légales et factuelles ».

Selon les informations transmises par Bayer aux investisseurs, plus de 11 000 affaires analogues à celle de M. Hardeman sont en cours aux États-Unis. Les prochains plaignants sur la liste s’appellent Alva et Alberta Pilliod, un couple de septuagénaires californiens tous deux frappés par un cancer qu’ils attribuent au Roundup. Ce procès devait s’ouvrir jeudi 28 mars à Oakland (Californie).

« Monsanto papers »: désinformation organisée autour du glyphosate
En France : 50 nouvelles plaintes pour « mise en danger de la vie d’autrui »
TOPSHOTS

Cette combinaison d’images créée le 13 février 2019 montre des plaignants, posant avec une pancarte indiquant le niveau (en nanogrammes par millilitre) de glyphosate dans leur urine, avant de déposer une plainte pour « mise en danger de la vie d’autrui » au tribunal de Toulouse, le 13 février. ERIC CABANIS / AFP


Le Monde – le 11 avril 2019 :

La justice reconnaît Monsanto « responsable du dommage causé » à l’agriculteur Paul François

a520c49_cdR2PcmydRPrztWwBX73tD9j.jpgLa cour d’appel de Lyon a de nouveau condamné, jeudi 11 avril, la firme américaine, poursuivie par un céréalier charentais intoxiqué par un herbicide.

« Un tournant dans la lutte contre les grandes firmes »

« Paul François est malade et c’est la responsabilité de Monsanto », a déclaré Me François Lafforgue, avocat du plaignant, saluant cette décision comme un « tournant dans la lutte contre les grandes firmes.

La maladie de Parkinson d’un ex-employé arboricole reconnue d’origine professionnelle

Le Monde – le 11 mars 2019 :

heather-gill-1348534-unsplash.jpgMarcel Geslin, un ancien employé arboricole mort en 2018 à 74 ans, a obtenu lundi 11 mars la reconnaissance par la justice de l’origine professionnelle de sa maladie de Parkinson. « Ce n’est pas qu’une victoire pour l’honneur. Nous souhaitons qu’elle contribue à faire évoluer la législation sur les maladies professionnelles liées aux produits phytosanitaires, afin que ce qui est arrivé à mon frère n’arrive plus », a commenté Michel Geslin, frère et tuteur de Marcel, qui a mené le combat administratif pour obtenir cette reconnaissance devant le tribunal des affaires de Sécurité sociale (TASS) du Maine-et-Loire.Employé pendant trente-sept ans dans la même entreprise arboricole à Loiré, à l’ouest d’Angers, où il a passé toute sa vie, Marcel Geslin était préposé à l’entretien des vergers, la taille, l’éclaircissage, la cueillette… « Il ne manipulait pas lui-même les produits phytosanitaires. Mais comme tous les employés à l’époque il travaillait dans les rangs pendant et après les traitements », rapporte Michel Geslin.

Apparus en 2008 après son départ en retraite, ses troubles ont été diagnostiqués « de type Alzheimer » avant d’être requalifiés en « maladie de Parkinson » quelques années plus tard, entraînant l’ouverture d’une demande de reconnaissance en maladie professionnelle provoquée par les pesticides.

Aucune donnée statistique publique

« Cette reconnaissance nous a été refusée une première fois en 2017 parce que le certificat initial de son médecin traitant n’avait fait mention que de “troubles de mémoire”. Alors même que la MSA [Mutualité sociale agricole] disposait de tous les avis des spécialistes », regrette Michel Geslin. Un deuxième refus a été opposé à la famille en 2018 pour des questions de délai d’instruction. C’est l’avis du Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles de Bretagne, où le cas de Marcel Geslin a été délocalisé, qui s’est révélé décisif.

« C’est un cas emblématique car il montre que les organismes de protection sociale agricole, bien que parfaitement informés, préfèrent laisser filer. Pour qui veut faire reconnaître sa maladie, c’est un parcours du combattant », assure Michel Besnard, porte-parole du Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest, lequel revendique 14 reconnaissances auprès des TASS de la région depuis sa création il y a quatre ans.

fancycrave-347292-unsplash.jpgA l’échelle nationale, il n’existe aucune donnée statistique publique sur les maladies professionnelles liées aux produits phytosanitaires. En 2017, Patrice Heurtaut, directeur de la santé et de la sécurité au travail de la MSA avait expliqué qu’elles représentaient « 2 % des maladies professionnelles déclarées au titre du régime agricole ». Phytovictimes, autre association d’aides aux victimes professionnelles, a recensé 429 dossiers depuis sa création, en 2011, dont 92 pour des maladies de Parkinson.

DIX ANS DE LUTTE CONTRE LES PESTICIDES… DIX ANS D’ÉCHEC

Reporterre – le 21 mars 2018 :

En 2008 était lancé le plan national Écophyto, affichant l’ambition de réduire de 50 % l’usage des pesticides en… dix ans. À l’heure des comptes, et malgré les moyens mis en œuvre, l’échec est patent.

En 2008, dans la foulée verte du Grenelle de l’environnement, le gouvernement lançait en grande pompe le plan national Écophyto. Objectif : réduire l’usage des pesticides de 50 % en dix ans, « si possible ». Dix ans plus tard, l’échec est patent. D’après le service régional du ministère de l’Agriculture pour l’Île-de-France (Driaff), entre 2008 et 2015, l’utilisation des produits phytos a augmenté de… 22 % !

De l’Union des industries de protection des plantes (UIPP) — qui regroupe les fabricants de pesticides — à la Confédération paysanne, tout le monde s’accorde à constater le fiasco. Et même si l’État ne le reconnait qu’à demi-mot, le plan — remanié et rebaptisé Écophyto 2 en 2016 — vivote au ralenti depuis deux ans.

Pourtant, tout a été fait pour que ça marche : un objectif ambitieux, un budget conséquent (sur la période 2009–2014, le plan a bénéficié de 361 millions d’euros), une batterie de mesures allant de la formation des agriculteurs à la mise en place d’un réseau de fermes « modèles », des programmes de recherche.

Surtout, l’histoire avait bien commencé, se souvient François Veillerette, de l’ONG Générations futures. « Malgré les fortes pressions de l’agro-industrie, le ministre de l’époque, Michel Barnier, avait tenu bon. Il avait maintenu l’objectif de moins 50 % et poussé pour une approche systémique du problème. » Deux tendances s’affrontaient alors, comme le décrit le sociologue Alexis Aulagnier : « Les associations environnementales et la Confédération paysanne poussent pour une diminution de la quantité de pesticides utilisés, écrit-il dans un article. À l’inverse, les industriels et la FNSEA veulent se concentrer sur la diminution des impacts liés à leur usage. » Ce qui est sensiblement différent : alors que la première approche impulse une réforme en profondeur du modèle agricole, la seconde se contente d’un « raisonnement » et d’une « optimisation » des pratiques.

« Les pouvoirs publics ont sous-estimé le verrouillage d’un système agricole fortement dépendant des pesticides »

Contre toute attente, c’est donc la première méthode qui l’a emporté… du moins provisoirement. Dès 2010, dans des cahiers d’acteurs, les entreprises agroalimentaires ont fait connaître leurs doutes sur la possibilité de tenir les objectifs. Des doutes confirmés par les premiers chiffres : la quantité de pesticides utilisée, mesurée par le nombre de doses unités (Nodu), enregistrait une augmentation moyenne annuelle de 5 %. Face à cette chronique d’un échec annoncé, le gouvernement a pris les devants et repousse l’objectif de moins 50 % de 2018 à 2025.

Sur le terrain, le Bulletin de santé du végétal (BSV), publié chaque semaine afin de prévenir les agriculteurs de la présence de maladies ou de ravageurs, a produit l’effet inverse de celui escompté : « Au lieu de réduire la consommation de produits phytos par un meilleur ciblage, ce bulletin a poussé nombre d’agriculteurs à traiter davantage les cultures en cas d’alerte », explique Laurence Guichard, agronome à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra).

L’autre mesure phare du plan, les fermes du réseau Dephy qui s’engagent volontairement à réduire leur consommation de pesticides, patine également. « L’idée que quelques centaines d’exploitations engagées dans de bonnes pratiques allaient montrer l’exemple et convaincre tous les agriculteurs de France de faire de même n’a pas fonctionné », estime Mme Guichard.

« Le BSV, les fermes, les projets de recherche constituaient des leviers d’action parmi d’autres, qui ont plus ou moins bien marchés, nuance Bertrand Omon, animateur au sein du réseau Dephy. Mais tout ceci s’est fait à la marge, sans que cela ne parvienne à impulser un mouvement dominant de changement. »

Alors, qu’est-ce qui a manqué pour passer la vitesse supérieure ? « Les pouvoirs publics ont sous-estimé le verrouillage d’un système agricole fortement dépendant des pesticides », estime Laurence Guichard. Autrement dit, « personne n’a vraiment intérêt à remettre en cause les tendances lourdes auxquelles il est adapté », précise-t-elle dans un rapport dont elle est coautrice, publié en 2017.

Et depuis soixante ans, notre agriculture s’est très bien « adaptée » aux intrants. « Les pesticides jouent un rôle central dans le système agro-industriel, précise la Confédération paysanne dans un livret sur la sortie des produits chimiques. Ils peuvent “sauver” la récolte à court terme, ou assoir des économies d’échelle en permettant le contrôle sanitaire de grandes surfaces. » Mais le syndicat pointe aussi « une société en quête d’une alimentation moins chère », un libre-échange et une compétition économique qui poussent à la recherche de rentabilité maximale, et une Politique agricole commune (PAC) privilégiant la productivité.

Or si chacun a sa part de responsabilité dans la situation actuelle, les politiques mises en place ont ciblé presque exclusivement les agriculteurs, dans l’idée de les faire changer de pratiques. « Il n’y a eu aucune intégration des acteurs de l’aval, comme les industries agroalimentaires ou la grande distribution, relève Ingrid Aymes, de Greenpeace. Cela a empêché l’émergence d’une dynamique globale. »

« Seul le ministère de l’Écologie joue un rôle moteur sur la question des pesticides »

D’autant plus que les tenants du système agro-industriel n’ont pas tardé à lancer la contre-offensive. « La FNSEA et consorts n’ont jamais été partants pour Écophyto, raconte François Veillerette. Et dès qu’ils ont pu reprendre la main, ils l’ont fait. » Recours juridique, dénonciation du plan, promotion de l’agriculture raisonnée… La communication s’est mise en branle, autour d’une argumentation bien rodée.

« Les pratiques des agriculteurs sont déjà raisonnées en France, ils n’ont recours aux produits phytos que lorsque les événements — climatiques, sanitaires — les y obligent, explique Eugénia Pommaret, directrice générale de l’UIPP (et salariée de la FNSEA au moment de la loi Grenelle). On peut sans doute aller plus loin dans la réduction des risques et des impacts, en travaillant sur la génétique, le biocontrôle, l’amélioration des pulvérisateurs et des équipements de protection. Mais un monde sans phytos, ce serait comme un monde sans médicaments, ce n’est pas souhaitable. » Pourtant, études et expériences s’accumulent pour prouver qu’il est possible de se passer de ces produits dangereux.

Même son de cloche du côté de la FNSEA, qui a lancé cette année son « contrat de solution » pour « une trajectoire de progrès pour la protection des plantes ».

« Ce n’est pas en mettant des drones et changeant le modèle de pulvérisateurs que l’on va sortir des pesticides, dit François Veillerette. Au mieux, ces solutions techniques permettront une baisse de 20 %. Pour aller au-delà, jusqu’à l’objectif de 50 %, il faut changer de modèle. »

Annoncé pour fin mars, le plan gouvernemental d’actions sur les produits phytopharmaceutiques permettra-t-il de déverrouiller la machine ? « Si on veut que ça marche, on ne peut plus se contenter de la bonne volonté, il faut des contraintes, des obligations de résultats », estime M. Veillerette. Donc une loi qui bannisse des substances dangereuses, qui interdise que les produits chimiques soient vendus par celles et ceux qui conseillent les agriculteurs sur leurs pratiques, qui fixent des bonus et des malus.

Mais la députée Delphine Batho se montre pessimiste quant à la volonté de l’État de mouiller la chemise sur ce dossier. « Le gouvernement ne veut pas changer de stratégie, il reste concentré sur l’affichage d’objectifs flous alors que le problème c’est de fixer des moyens, observe-t-elle. Il explore toutes les solutions pour ne pas avoir à en passer par une interdiction des substances dangereuses. »

D’après l’ex-ministre de l’Écologie, le blocage vient du ministère de l’Agriculture, « qui n’a pas encore évolué vers l’agroécologie », mais aussi du ministère de la Santé, « incapable de se pencher sur les questions de prévention et de prendre en compte la santé environnementale ». Résultat, « seul le ministère de l’Écologie joue un rôle moteur sur la question des pesticides, il est isolé et se heurte au lobbying considérables des firmes agro-industrielles ».

NOUS VOULONS DES COQUELICOTS

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Voici quelques indications pour vous aider à confectionner votre coquelicot, qui peut être de toutes les tailles, et de toutes les créativités originales 41570477_982039661984467_2529539985619550208_n

La cocarde se trouve ci-contre (à imprimer)      fleche-1.jpg

Pour plus de fun et pour célébrer – on l’espère – le dernier changement d’heure, pourquoi ne pas créer de grandes lanternes en papier ? Qui célèbreraient à la fois le retour des coquelicots, mai aussi des lucioles ! (elles aussi presque disparues)

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Vendredi 2 Novembre  –  18h30 devant la Mairie de Pau, Place Royale

Communiquez autour de vous, petits et grands !

Voir site  Nous voulons des coquelicots

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